« Respectez la loi, Madame De Moor »

Une édition originale

Par | Journaliste |
le
commentaires 0 Partager
Lecture 3 min.

Ce midi du 10 novembre, les avocats des deux rôles linguistiques avaient appelé à les soutenir lors d’un rassemblement en face du cabinet de Madame Nicole De Moor, Secrétaire d’état à l’asile et à la migration. En cause, l’actuelle crise de l’accueil des demandeurs d’asile et autres réfugiés, imposant de prendre des mesures d’urgence. Qu’exiger d’autre quand des femmes, des enfants, des hommes dorment en rue depuis des jours, des semaines ou des mois ? Ils ont demandé l’asile à la Belgique et, légalement, le pays doit leur fournir gîte et assistance.

La situation n’est pas neuve mais la crise s’intensifie de semaine en semaine alors que l’automne est en train de s’installer. Des solutions d’hébergement existent. Le gouvernement belge les a trouvées sans peine pour les réfugiés ukrainiens. Mais pour les autres, il ne les voit pas. Pas grave, ont dit les associations d’aide et les avocats, on va vous en proposer. Toutes refusées ! A situations politiques et humanitaires comparables, un Ukrainien et un Afghan par exemple ne sont pas accueillis de la même manière. Le premier se voit attribuer automatiquement une protection subsidiaire d’un an, le second pas. Il doit faire le parcours du demandeur d’asile dans la situation qu’on connaît. C’est-à-dire dormir dehors même si la loi prévoit qu’il dorme dedans. Dormir dehors même si le tribunal du travail a condamné Fedasil à déjàvprès de 7.000 reprises pour non-respect de la loi « accueil ». A dormir dehors même si la Cour européenne des droits de l’homme a enjoint la Belgique à respecter ses propres lois.

Sous un soleil radieux, ce jeudi midi, avocats, milieux associatifs, journalistes, demandeurs d’asile parfois mineurs et autres soutiens se sont réunis pour exiger que Madame De Moor respecte la loi. Une délégation d’avocats a été reçue en début d’après-midi par la Secrétaire d’état. Pour s’entendre dire que rien n’allait changer et que les semaines à venir vont être difficiles.

Il semble que vous appréciez cet article

Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.

Merci !

Tout ces indignés se retrouvera donc jeudi prochain à 12h30 au même endroit pour encore répéter que la loi doit être appliquée. Mais quand même, quand on y réfléchit. Qu’est-ce qui nous vaut que chaque Secrétaire d’état à l’asile et à la migration soit pire que le précédent ? Maggie De Block rendait l’argent de son enveloppe parce qu’elle en avait trop. Theo Francken opérait une glissade sémantique, les « demandeurs d’asile » devenant des « réfugiés » puis des « illégaux », puis des « criminels ». Sammy Mahdi n’en a eu que pour les Ukrainiens, imperturbable devant 450 grévistes de la faim au bout de leur vie. Nicole De Moor est la reine des parapluies : c’est la faute des autres pays européens, c’est la faute des procédures de Dublin, la sienne ? jamais… Pendant ce temps, des mineurs afghans désespérés fuient les centres pour tenter la traversée de la Manche parce qu’ils n’ont plus rien à perdre tandis que d’autres dorment déjà dans les rues de Bruxelles, ayant été évacués pour faire place à d’autres. Et quand des malheureux investissent un bâtiment sans eau potable en cours de rénovation, rue des Palais, aujourd’hui dénommé le Palais des Droits, pour ne plus dormir dehors, passant en quelques semaines de 50 à 700 avec tous les soucis que cela crée, la seule réponse qu’ils obtiennent est l’annonce d’une expulsion. Telle est la Belgique en 2022.


Une lettre ouverte à Madame De Moor, signée par 572 personnes dont 190 avocats, a été publiée par plusieurs médias dont Le Soir ( https://www.lesoir.be/475588/article/2022-11-08/crise-de-laccueil-lincroyable-mepris-de-letat-belge ).

commentaires 0 Partager

Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.

Chaque samedi le meilleur de la semaine.

/ Du même auteur /

Toutes les billets

/ Commentaires /

Avant de commencer…

Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.

Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement. 

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Cet espace nécessite de s’identifier

Créer votre compte J’ai déjà un compte