Déjà oublié, le drame sordide de Melilla

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Par | Journaliste |
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Melilla, 24 juin 2022. Photo © D.R.

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Je rentre chez moi ce lundi soir, profondément perplexe.

Je reviens de la troisième manifestation en une semaine après les atrocités survenues à Melilla le 24 juin. Ce jour-là, la politique migratoire de l’Europe a encore tué. On parle de 40 migrants subsahariens massacrés par la police royale marocaine dans l’enclave espagnole. On dit 40 parce qu’on n’ose pas dire plus. Sur place, tout a été fait pour empêcher un décompte précis des morts. Il y a aussi les blessés qui ont été battus, laissés au soleil sans soins, qui sont morts après le 24 juin et mourront encore.

Depuis le 24 juin, les réseaux sociaux ont chauffé. Les réseaux ont dit NON. Et puis ? Et puis rien ou si peu.

La première manifestation, à chaud, le mardi 28 juin, place du Luxembourg à Bruxelles, devant le Parlement européen, a rassemblé du monde de toutes les couleurs de peau et dans toutes les langues. Activistes, ONG, parlementaires résolus à ne pas laisser oublier, particuliers. La question du racisme anti-noir lors de ce drame a été posée. Celle du traitement des réfugiés ukrainiens. Celle de la politique migratoire européenne. Une enquête internationale a été exigée. EXIGÉE. La deuxième manifestation, vendredi soir devant l’ambassade d’Espagne en synchronisation mondiale, a été un flop. Une vingtaine de personnes. Mauvais timing que le 1er juillet ? La troisième, ce lundi 4 devant l’ambassade du Maroc, n’a pas davantage rassemblé les foules indignées sur les réseaux sociaux. Une quarantaine de personnes, tenues à l’œil par un policier maître-chien et deux agents cyclistes. Moins de monde qu’à l’arrêt de tram quelques dizaines de mètres plus loin.

Je suis chez moi, et je m’interroge.

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Les morts de Melilla sont-ils déjà oubliés ?
Si oui, pourquoi ?
Ne sont-ils pas des êtres humains ?
Où sont les ONG ? Où sont les partis politiques ? Où sont les citoyens ?
Il y a un moment où il faut arrêter de se justifier en disant que machin ou l’association chose n’étant pas là, je n’y vais pas. Il y a un moment où, si on n’est pas d’accord avec la politique migratoire européenne, si on s’indigne des morts qu’elle produit, il faut le faire savoir. En se bougeant. En descendant dans la rue. En se rassemblant. En usant de ce droit qu’est la liberté d’expression. En écoutant sa conscience.

Notre passivité est responsable. Ce n’est que quand nous serons des milliers dans la rue à crier « pas en notre nom » que les partis politiques seront obligés de réfléchir, d’intervenir et de faire évoluer les choses. Si nous ne bougeons pas, ils ne bougeront pas. Et on pourra décompter : Melilla 1, Melilla 2, Melilla 3, etc.

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