Rentrée des classes : le tableau noir des infos

Les calepins

Par | Penseur libre |
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Lecture 33 min.

Petites et grandes manœuvres préélectorales un peu partout, désastre social à cause d’une multinationale en Belgique, drames de la guerre, encore et toujours en Syrie.  

Jeudi 1er septembre

 Jour de rentrée scolaire. Les mots Éducation, Enseignement, École, Instruction ont donné naissance à tellement de citations, de discours, de théories que l’on aurait tendance à davantage plaindre celles et ceux qui, journalistes et politiques, sont appelés à s’exprimer ce matin plutôt que les enfants qui reprennent le chemin de la classe. Bornons-nous donc à rappeler que ces enfants sont appelés Élèves, c’est-à-dire qu’il faut élever, porter plus haut…

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 Comme il fallait s’y attendre, le Sénat brésilien a destitué Dilma Rousseff. Son partenaire, Michel Temer, centriste, terminera donc le mandat. On le dit déjà corrompu jusqu’à la moelle… Cela dit, Avec Lula et sa camarade, le parti des Travailleurs a quand même dirigé le Brésil pendant 14 ans et sorti des dizaines de millions de Brésiliens de la pauvreté. C’est une période que l’Histoire retiendra.

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 « Je ne cesse de m’étonner de la confusion et de l’insuffisance des idées à propos de ce pays, chez des hommes même cultivés et prenant intérêt à la politique, alors que le Brésil est sans aucun doute, destiné à être un facteur plus important dans le développement ultérieur du monde. » (Stefan Zweig. Le Brésil, terre d’avenir, 1941 ; éd. de l’Aube, 1992)

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 Le Parlement espagnol refuse la confiance à Mariano Rajoy. L’Espagne devrait connaître de nouvelles élections - les troisièmes - en décembre. Elle est sur le point de battre le record de longévité d’un gouvernement d’affaires courantes détenu par la Belgique. La Première ministre britannique Theresa May ne parvient pas à dégager un calendrier cohérent pour le Brexit. Quant au président de la Commission, Jean-Claude Juncker, on ne sait pas : est-il en train de bronzer ou de se soigner ? Vive l’Europe !

Vendredi 2 septembre

 Rarement le résultat d’une élection et ses conséquences n’avaient été aussi prévisibles. Au Gabon, la famille Bongo, qui dirige le pays depuis un demi-siècle, se voyait victime de l’usure du pouvoir. On pouvait se douter qu’Ali, le représentant du népotisme ambiant, soit battu au scrutin par son adversaire de l’opposition, Jean Ping ; supposer que la commission électorale délibère néanmoins en sa faveur ; et craindre que des émeutes éclatent à la suite de la proclamation d’un résultat faussé. C’est très exactement ce qu’il advint. Jean Ping se cache actuellement à Libreville où la répression se fait de plus en plus violente. Et l’Occident se demande une fois de plus si son fonctionnement démocratique, si récent sur la ligne de l’Histoire, si délicat, si varié dans ses formes, si imparfait et surtout si souvent réformé, convient vraiment aux peuples africains.

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 Charlie Hebdo choisit le séisme que vient de connaître l’Italie pour proposer le dessin ironique de sa une. Il scandalise l’Italie et déclenche une volée de bois vert sur les réseaux sociaux. Un journal satirique éprouve de plus en plus de difficultés à trouver sa place dans la société actuelle. On est vraiment entrés dans une période réactionnaire où la pudibonderie, la bégueulerie et le puritanisme tiennent lieu de morale en donnant bonne conscience aux hypocrites. Un seul principe : personne n’est obligé d’acheter Charlie Hebdo ; le reste relève de la liberté d’expression.

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 « Il faut permettre la satire et la plainte. La haine renfermée est plus dangereuse que la haine ouverte. » (Denis Diderot. Principes de politique des souverains, 1798)

Samedi 3 septembre

 La COP 21 qui s’est tenue à Paris à la fin de l’an dernier n’est plus, comme le prétendaient les esprits chagrins, un ensemble de vœux pieux. Avant la tenue du G 20, la Chine et les Etats-Unis, responsables à eux seuls de 40 % de la pollution planétaire, ratifient les accords en saluant la réussite de Paris. Paris, une nouvelle fois centre du monde. C’est aussi une ratification pour montrer l’exemple, la marche à suivre pour tous les autres pays du monde. Une nouvelle très positive, qui devrait supplanter toutes les autres, et qui cependant n’est pas mise en valeur autant qu’il le faudrait dans les dépêches.

 Excellente nouvelle pour François Hollande : on annonce qu’Éric Zemmour le démolit dans son livre Un quinquennat pour rien (éd. Albin Michel) qui paraît jeudi prochain en librairie. Être égratigné par Éric Zemmour, c’est bon signe. S’il avait été adulé par ce personnage impétueux et sarcastique, c’eût été très inquiétant.

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 François Bayrou demande à son vice-président du MoDem de démissionner. Pourquoi ? Parce que le gentil Robert Rochefort, naguère souvent consulté en radio et en télévision sur les questions liées à la consommation, député européen centriste, s’est fait surprendre en train de se masturber dans un Castorama de Vélizy. Affaire d’élection, la politique est aussi, parfois, affaire d’érection…

Dimanche 4 septembre

 Des dizaines de milliers de Britanniques ont défilé hier dans les rues de Londres afin d’exprimer leur amour pour l’Europe. Une pétition rassemblant plus de 4 millions de signatures et demandant l’organisation d’un nouveau référendum a été déposée au Parlement. Si la Première ministre May reconnaît que le Brexit sera très compliqué à mettre en place, elle exclut d’idée de le remettre en cause. Le peuple s’est prononcé, alea jacta est.

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 « C’est une bonne idée d’avoir choisi le référendum, à condition que la réponse soit oui. » (Valéry Giscard d’Estaing, à propos de la Constitution européenne, prix de l’Humour politique 2005)

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 L’usine Caterpillar de Charleroi va fermer ses portes. Décision de la direction depuis les Etats-Unis. Deux mille emplois seront supprimés, environ 6000 en comptant la sous-traitance. Á noter que l’entreprise est rentable ; il s’agit seulement d’augmenter les dividendes des actionnaires. Et l’on sait que, pour une multinationale fleuron du néo-libéralisme, le sort de l’ouvrier ainsi que celui de sa famille sont dérisoires, surtout s’ils se jouent de l’autre côté de l’océan. Pour un homme d’affaires, la dimension humaine est moins importante que celle de ses bénéfices.

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 Contexte.

 Textes.

 Prétextes.

 Le Festival Les Inattendues de Tournai n’en est qu’à sa sixième édition et comme il est déjà entré en maturité dès la deuxième ou la troisième, celle de cette année tient toutes ses promesses. Elle est réservée aux utopies et affiche cette pensée si juste d’Oscar Wilde en guise d’affirmation liminaire : « Le progrès n’est que l’accomplissement des utopies. » De Tahar Ben Jelloun (Le Mariage de plaisir, éd. Gallimard) à Mathias Enard (Boussole, éd. Actes Sud, prix Goncourt 2015) en passant par Les Illuminations de Rimbaud, les écrits se savourent dans les écrins offerts par la musique, selon le principe du Festival. Et pour se distraire, entre deux conférences-spectacles, on peut goûter à la philosophie avec Martin Legros, rédacteur en chef du mensuel Philosophie Magazine qui pratique l’éducation permanente en clarté, en gentillesse et en connaissance de cause. On quitte Tournai plus riche de savoirs en pensant déjà aux premières heures de septembre 2017, pour retourner s’instruire à plaisir sur les bords de l’Escaut.

Lundi 5 septembre

 Alors que le parquet souhaite que Sarkozy soit traduit en correctionnelle pour ses comptes de campagne en 2012, Le Figaro pratique le pari de Pascal et titre : La droite s’apaise, la gauche se déchire pour les présidentielles. Faites semblant d’y croire et bientôt vous croirez…

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 Ce n’est que dans un petit Land de l’ancienne Allemagne de l’Est que l’extrême droite devance la démocratie-chrétienne aux élections régionales mais il s’agit de la circonscription d’Angela Merkel. Il est fort probable que lors des élections législatives de septembre 2017, la prédominance de la social-démocratie et de la démocratie chrétienne sera titillée par le parti des opposants à l’immigration. Merkel paye son attitude généreuse en faveur des réfugiés syriens. Elle fait savoir que malgré cette défaite électorale, elle ne regrette pas d’avoir ouvert ses frontières et ses bras pour accueillir ces pauvres gens. Elle a raison : l’Histoire le reconnaîtra. Et l’économie allemande aussi.

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 Á Tournai, lors du Festival Les Inattendues on suivait un comédien déclamer Les Illuminations de Rimbaud. Il était difficile de ne pas penser aux travailleurs de Caterpillar en se laissant pénétrer par le chant du poète. Comme autrefois sa formule Changer la vie qui motiva les socialistes français, aujourd’hui l’opulence inquestionnable pourrait bien être retenue pour qualifier un système à la brutalité ignominieuse.

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 « Le seul homme qui tire profit du capitalisme est l’escroc. Et il devient millionnaire en un rien de temps. » (John Dos Passos. 42e parallèle, 1930)

Mardi 6 septembre

 Maintenant que l’Allemagne est elle aussi contaminée par un parti d’extrême droite, la question s’impose : Y a-t-il encore un pays membre de l’Union européenne qui ne connaît pas l’instabilité politique ? Et la réponse va de soi. Car pour sauver l’Europe, il faut plus d’Europe. Qu’attend-on ? Que le Royaume-Uni soit vraiment dehors ? Il peine à sortir et sa lenteur met toute l’Union en péril. Calais étouffe et Bernard Cazeneuve se démène comme il peut. L’Union européenne sait que sans le Royaume-Uni, la frontière de l’Europe, en son ouest, c’est la frontière de la France. Les réfugiés empaquetés à Calais qui attendent et espèrent gagner le sol britannique, ce sera bientôt l’affaire de l’Union européenne. Alors pourquoi ne pas anticiper la résolution plutôt que de laisser le problème sur les seules épaules de la France ?

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 « Il faut, dans nos temps modernes, avoir l’esprit européen. » (Germaine de Staël. De l’Allemagne, 1813 à Londres, 1814 à Paris. Le livre, prêt en 1810, vit ses épreuves détruits par Napoléon…)

Mercredi 7 septembre

 Le G20 veut relancer l’économie mondiale. C’est une bonne et belle intention, mais on sent, pour d’autres raisons, dont celles qui touchent aux tensions belliqueuses, que la défiance l’emporte sur tout consensus. Le gros plan photographique des têtes d’Obama et de Poutine en face à face est plus éloquent que n’importe quel communiqué de presse. Bah ! C’est le G20… Tant qu’ils se parlent…

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 Bon, d’accord, Donald Trump est bête et méchant. Mais une chose est irréfutable : s’il est là, c’est parce que le suffrage universel l’y a mis. Et s’il était élu, ce serait par la même volonté, celle du peuple.

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 « Un peuple de moutons finit par engendrer un gouvernement de loups. » (Agatha Christie. Dix petits nègres, 1939)

Jeudi 8 septembre

 Á l’invitation de la Fondation Jean Jaurès et de l’association Terra Nova, François Hollande prononce à midi ce qui sera la pierre angulaire de son départ en campagne. Si ce n’est pas le meilleur discours du quinquennat, on n’en est pas loin. Les observateurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Tous reconnaissent la qualité du propos, sa justesse, sa pertinence et sa logique de perspective. Les participants à la primaire de la droite ont beau commenter tant bien que mal cette envolée, leurs critiques apparaissent plates et même, parfois, mesquines. Aujourd’hui, le président était au-dessus de la mêlée. Cela ne suffira pas à lui redonner, du jour au lendemain, une cote de popularité positive, mais cela devrait contribuer à ce que le citoyen reprenne sa personnalité en considération. Dans la longue marche qui peut le conduire au deuxième tour de l’élection présidentielle, François Hollande doit d’abord rassembler son propre camp, recouvrer les sympathies et les soutiens dans sa propre famille. Á l’égard de cet objectif-là, il est bien parti.

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Les électeurs de droite sont vraiment inconséquents. Une enquête du Figaro révèle qu’ils ne seraient que 12 % à souhaiter que François Hollande se représente. Mais justement ! S’ils considèrent qu’Hollande n’est pas un bon président et qu’il serait un mauvais candidat, ils devraient espérer qu’il le soit ; le triomphe de leur champion serait d’autant plus aisé…

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 « Á vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. » (Pierre Corneille. Le Cid, acte II, scène 2, 1637)

Vendredi 9 septembre

 … Et pendant ce temps-là, des essais nucléaires de plus en plus puissants sont effectués en Corée du Nord…

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 « Les Nord-Coréens sont condamnés à aimer leur bourreau. » (Christian Delporte, cité par Michel Audétat, in Le Matin, 25 décembre 2011)

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 Quand il s’agit de s’accorder sur la manière - même militaire s’il le faut – de régler un conflit, les Russes et les Étatsuniens finissent par se mettre d’accord. Ils viennent à nouveau de le prouver à propos de la Syrie. Du coup, le monde respire. Cependant, c’est sur l’après que les divergences demeurent. En l’occurrence, il est ici question de l’avenir de Bachar al-Assad. Du point de vue de Sirius, c’est pourtant simple : Poutine est prêt à lâcher Bachar mais pas à perdre la seule présence effective qu’il possède dans la région. Que les Etats-Unis arrêtent de le mépriser en voulant le déshabiller. Un jour, l’Occident s’apercevra qu’il vaut mieux dialoguer avec le maître du Kremlin ; dans un rapport de forces, certes, mais en le considérant comme un interlocuteur nécessaire.

Samedi 10 septembre

 L’accord de trêve en Syrie signé entre les États-Unis et la Russie prévoit un arrêt des combats lundi et une coopération militaire si le cessez-le-feu perdure. Mais voici que du côté des rebelles, on soupçonne déjà Bachar al-Assad de ne pas respecter l’arrêt des combats. Accord de trêve, accord de rêve…

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 « Il vaut mieux déceler une faiblesse que se laisser soupçonner d’un vice. » (Denis Diderot. Jacques le Fataliste, 1765)

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 La rentrée littéraire ne semble pas s’annoncer fructueuse en France. Par contre, les livres à caractère politique vont se multiplier, de qualité très inégale, ainsi qu’on le vérifie à chaque fin de mandat présidentiel. Comme il aime la compagnie des journalistes, François Hollande verra beaucoup de titres éclore au sujet de sa personne. On retiendra surtout l’ouvrage de deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui paraîtra le 12 octobre aux éditions Stock (Un président ne devrait pas dire cela…), pour les raisons qu’ils exposent eux-mêmes : « La genèse de ce projet remonte à la fin de l’été 2011. Anticipant la victoire possible de François Hollande en mai 2012, nous avions décidé d’enquêter sur son futur mandat, afin de vérifier si le candidat socialiste tiendrait sa promesse d’incarner la rupture avec son prédécesseur. Pour ce faire, il nous fallait obtenir des entretiens réguliers avec le probable successeur de Nicolas Sarkozy, qui constitueraient en quelque sorte le fil rouge de notre enquête. Afin d’éviter toute langue de bois, nous avions fixé plusieurs conditions. Préalable indispensable, ces rendez-vous devraient se dérouler en tête-à-tête, sans la présence de conseillers. Par ailleurs, nous avions indiqué à notre interlocuteur que chaque entretien serait enregistré et qu’aucun propos ne serait relu ni modifié avant publication – ce qui a été le cas. Enfin, les citations anonymes seraient proscrites.

 François Hollande a accepté chacune de ces conditions et les a respectées pendant toute la durée de notre enquête. »

 Mais attention ! On annonce aussi un livre de Franz-Olivier Giesbert sur le président. FOG, un homme libre, sa plume trempée dans le picrate et ses descriptions croustillantes…

Dimanche 11 septembre

 Le hajj a commencé. Au pèlerinage de La Mecque, un seul mot d’ordre : « Poussez pas ! »

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 Autrefois confinées dans des tâches de domestiques et  de pondeuses, les femmes de djihadistes sont désormais enrôlées dans les élaborations d’attentats. Ces islamistes savent cultiver l’émancipation féminine.

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 Un contraste difficile à expliquer. Bernard Murat, patron du théâtre Édouard VII, et président de l’Association des Théâtres parisiens, annonce une hausse de 3 % de fréquentation au premier trimestre 2016. Et cependant, si la France demeure le pays le plus convoité par les touristes, les palaces parisiens sont désertés tandis que toute l’hôtellerie affiche des taux de fréquentation en baisse. En cause, les menaces d’attentats qui ne fléchissent pas. Des tentatives sérieuses sont sans cesse déjouées ; mais l’une d’entre elles finira bien par se concrétiser… Vivre sous tension dans la plus belle ville du monde…

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 « Je préfère mourir debout que vivre à genoux. » (Charb, dessinateur et journaliste à Charlie-Hebdo, 19 septembre 2012 au journal Le Monde)

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 De même que l’on décerne le prix de l’Humour politique, on pourrait aussi remettre le prix de l’Évidence. Cette année, Anne Levade serait difficile à battre. La présidente de la haute autorité chargée d’organiser la primaire de la droite vient de déclarer solennellement au Journal du Dimanche : « Si un candidat n’a pas le compte, on ne validera pas sa candidature ! » Bravo ! Çà, c’est de l’autorité, bien haute en plus ! Cette femme n’a peur de rien. Il se peut qu’elle ouvre son parapluie s’il se met à pleuvoir et qu’elle s’arrête si le feu passe au rouge !

Lundi 12 septembre

 On savait déjà, à la vue des clips télévisuels si nombreux bien qu’onéreux, que les campagnes électorales étatsuniennes étaient indécentes, les protagonistes visant souvent l’adversaire de manière personnelle, en s’attaquant  de front à leur famille ou même à leur physique, des comportements que l’Europe (Dieu merci !...) ne cultive point. Hillary Clinton a eu un malaise pendant la commémoration des attentas du 11-septembre sous la chaleur nouillorquaise. On décela une pneumonie. La voici contrainte au repos. Aussitôt, Trump attaque et pérore sur la santé de la candidate. Il n’y a pas lieu d’attendre quelque geste chevaleresque de cet homme mais si au moins il se taisait… Pour ce braque, l’occasion est trop belle… Pourtant, ses conseillers lui ont sans doute fait la leçon, car la nuit portant conseil, même chez les fêlés, il déclare aujourd’hui espérer qu’elle se rétablira. Gageons qu’il n’en pense pas moins.

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 « Comme il existe une fausse délicatesse, il existe une fausse vulgarité. » (François Mauriac. Bloc-notes, 1952)

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 De Gaulle aimait plaisanter en déclarant : « Il y a deux sortes de Français : ceux qui disent ‘il y a deux sortes de Français’ et les autres. » Mitterrand aimait jouer avec la formule. Grand amateur de littérature, il avait décrété un jour : « Il y a deux sortes de Français : ceux qui ont lu Les Deux étendards et les autres. » Publié pour la première fois en 1951 par les éditions Gallimard dans leur fameuse Collection Blanche, le roman de Lucien Rebatet ne connut pas le succès attendu (et peut-être mérité…), compte tenu du passé très antisémite et collaborationniste de l’auteur (qui fut d’ailleurs emprisonné à la Libération jusqu’en 1952…) Ce livre, commencé à Sigmaringen et achevé à la prison de Clairvaux, fait l’objet de critiques au même titre qu’une primeur. Il a résolument commencé une nouvelle vie depuis près de deux ans, réédité dans la même tenue emblématique de la célèbre maison. Virulente critique de la bourgeoisie lyonnaise, il est conçu en reposant sur un triptyque : l’amour d’une femme, l’amour de Dieu, l’amour de la musique. L’écriture est alléchante, chatoyante, mais le roman comporte 1320 pages, un volume devenu inhabituel au temps de l’immédiateté souveraine. Il a aussi perdu un peu de son actualité, la société française ayant considérablement évolué ; le christianisme, pivot de la narration, également. On le sait, la religion qui pourvoit désormais la fiction, c’est l’islam. Rebatet pourrait cependant retenir l’attention des amateurs, en cette rentrée littéraire qui semble pauvre dans la francophonie au milieu d’un climat réactionnaire.

Mardi 13 septembre

 Afin d’atténuer sa légendaire froideur, Alain Juppé fend l’armure dans un livre numérique intitulé De vous à moi. Il explique notamment sa complicité avec Jacques Chirac qui lui avait donné sans le vouloir une leçon de politique en 1978 tandis qu’agrégé de lettres classiques, il était candidat dans les Landes (et sera d’ailleurs battu) et que Chirac était venu le soutenir : « Je revois cette scène : Chirac accoudé au zinc, parlant fort et riant, buvant une Suze avec des gaillards au béret vissé sur la tête pendant qu’exilé au bout du comptoir, maigre et sérieux, je trempe mes lèvres dans un Perrier-rondelle. » Eh oui ! C’est un métier…

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 Aux Jeux Paralympiques de Rio, il existe une catégorie Handicap mental. Au sein de celle-ci, c’est un Belge qui remporta la médaille d’or en ping-pong. Cher Coluche, il y a des jours où tu nous manques vraiment…

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 « Y’a pas d’quoi crâner avec le tennis : c’est comme le ping-pong, sauf qu’ils sont debout sur la table. » (Coluche, Les vacances, 1979)

Mercredi 14 septembre

  Il est des jours où l’on peut percevoir l’existence positive de l’Union européenne. Dommage que les succès concernent la voûte céleste plutôt que le progrès économiques et sociaux… L’Agence spatiale européenne avait lancé le satellite Gaïa en mission spatiale astrométrique le 19 décembre 2013. Des images de la Voie Lactée viennent pour la première fois de nous parvenir. Constat immédiat : Des milliards d’étoiles. Pourquoi n’en y aurait-il pas au moins une qui ressemble à la Terre ?

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 Ces 13 et 14 septembre ont été les plus chauds depuis que les institutions météorologiques relèvent les températures, soit depuis seulement un peu plus d’un siècle. Cet espace chronologique très bref à l’échelle de la climatologie n’autorise donc pas une interprétation rigoureusement crédible de ces chiffres. En revanche, l’enregistrement d’un autre type de record semblable dans les prochaines semaines serait pertinent et significatif d’un état de réchauffement planétaire

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 « Il faut être arrogant pour penser que l’Homme a changé le climat. » (Nicolas Sarkozy, devant le cercle des patrons au cours de la campagne des primaires de la droite le 13 septembre 2016)

Jeudi 15 septembre

 Après-midi, François Hollande tacle Nicolas Sarkozy qui le tacle le soir dans la première de la nouvelle émission politique de France 2, extrêmement tendue avec les journalistes. Tout cela va durer quelques mois, et donc risque de lasser. Ou alors, l’inévitable escalade dérapera : c’est pire.

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 Pendant ce temps-là, Ségolène Royal déclare que « les océans devraient être le patrimoine commun de l’humanité ». La ministre de l’Environnement a de la ressource. On prévoit que sa prochaine volonté garantira que le printemps suivra l’hiver l’an prochain, et pour tout le monde !

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 « Il est de la nature de l’évidence qu’elle passe inaperçue. » (Jean Paulhan. De la paille et du grain, éd. Gallimard, 1948)

 

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