Pandémie: ne nous trompons pas d’urgence

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Par | Penseur libre |
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Zemar*, 15 ans, est arrivé d’Afghanistan sans ses parents sur l’île de Lesbos. Il vit au centre de réception de Moria. * Nom modifié pour des raisons de protection.PHOTO © HCR/Gordon Welters

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Contrairement au message délivré aux Français par Monsieur Macron nous ne sommes pas en guerre et les moyens à mobiliser pour juguler la pandémie du coronavirus n’ont rien à voir avec le déploiement d’une économie ou d’une sécurité de guerre.

Si l’obligation faite aux citoyens européens de rester chez eux pour éviter la contagion est une contrainte acceptable, celle de fermer les frontières extérieures et intérieures de l’Europe n’est pas une bonne mesure. C’est faire fi de nos obligations d’entraide internationale à l’égard de ceux qui, fuyant les guerres, espéraient trouver chez nous un refuge. C’est faire fi de la nécessaire coopération internationale qui doit être organisée, s’agissant d’une pandémie sans frontière.

Fermer les Bourses serait, par contre, une mesure positive pour empêcher d’inutiles paniques sans rapport avec l’état de nos économies. Nous ne sommes pas en guerre et nos entreprises, même à l’arrêt, ne sont pas en danger. Parler, comme le font les associations du grand patronat, de milliards de pertes est faux car s’il y a lieu de tenir compte des coûts fixes de maintenance, il s’agit essentiellement d’un manque à gagner provisoire.

Les vraies pertes de revenus sont celles subies par les travailleurs salariés et les indépendants qui doivent pouvoir bénéficier d’un salaire garanti et des protections sociales. D’autres, les plus fragiles de nos sociétés, risquent également de souffrir de la réduction des nombreux mécanismes de solidarité citoyenne qui seront ralentis suite au confinement.

De nouveaux moyens doivent être mobilisés afin de permettre à l’Etat social de remplir son rôle. Cela nécessite, d’une part de faire sauter le verrou de la convergence budgétaire européenne et de permettre aux Etats et à la BCE de mobiliser les fonds indispensables pour protéger les citoyens européens, mais aussi pour venir en aide d’urgence, avec l’OMS, aux pays qui ne disposent pas des équipements pour faire face à la pandémie, particulièrement en Afrique.

Cela doit aussi, en urgence, obliger les Etats, l’UE et l’OCDE à imposer un contrôle strict sur les innombrables systèmes d’évasions fiscales et autres mécanismes très pervers qui permettent d’éluder l’impôt, afin que tous participent à sortir par le haut de la pandémie.

 Un nouveau civisme s’impose aujourd’hui : celui de la solidarité.

A lire absolument :

- « Lesbos, la honte de l’Europe », de Jean Ziegler (Seuil). « Lesbos est le symbole du plus grand fiasco moral et politique de l’Europe », dit-il lors d’une interview à Libération. Conseiller du Conseil des Droit de l’Homme des Nations Unies, Jean Ziegler dénonce la négation criminelle, par l’Europe, d’un des droits les plus fondamentaux : le droit d’asile.

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- Informations sur la situation à Lesbos :

https://www.unhcr.org/fr/news/press/2020/2/5e4ff894a/agir-maintenant-soulager-souffrances-centres-reception-iles-grecques-filippo.html

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