On est bien peu de choses

Ignacio de la Serna, procureur général de Mons, affirme dans la Libre Belgique du 03/02/22 : « La mafia prend possession du pays ». C’était ce que j’écrivais le 5 février dernier, ici même.
Depuis, ça ne c’est pas arrangé.
D’accord, le proc fait ce qu’il peut, mais il est vrai qu’une semaine c’est pas beaucoup pour régler le problème. Faut être humain quand même dans notre désir d’une société propre sur elle.
D’autant plus que la mafia, c’est pas seulement telle ou telle bande de ruffians prêts à tout, c’est aussi un état d’esprit.
Y a des règles, d’accord, respectons-les ! (et clamons bien haut ce respect, ça inspire beaucoup plus la confiance pendant qu’on fait les poches).
Prenez les footeux.
Quoi de plus populaires, de plus adulés des larges masses populaires comme on n’ose plus dire dans le pays de feu le Président Mao, que ces stars d’un sport noble entre les sports nobles. Le sport c’est noble. D’accord. Duc, Comte, Marquis, Chevalier, etc ? Ça dépend du classement de l’équipe.
C’est de la noblesse au doigt mouillé moi je dis, mais je peux me tromper.
Regardons-la dans le blanc de ses yeux de merlan frit, la « noblesse », qui au fil des millénaires a régenté nos sociétés. Nos livres d’Histoire nous racontent ses exploits, ses mérites, la grandeur de ses réalisations, l’immensité de ses vues stratégiques, économiques, son intelligence politique, etc. (quelques fois aussi, soyons de bonne composition, sa bêtise abyssale, son incapacité crasse et son nombrilisme aigu). Quoiqu’il en soit, sans elle, nous ne serions pas des peuples cultivés, civilisés!  Toutefois, quand on regarde de plus près les agissements de cette catégorie d’humains autoproclamée, on ne voit pas tellement la différence avec ceux de n’importe quels malfrats sans foi ni loi (si, tout de même ! celles qu’ils inventent dans leur intérêt ; les voyous, ça rigole pas avec le règlement), violents, sans pitié, cruels, sanguinaires, prêts à vendre père et mère, avec, au besoin, livraison à domicile pour niquer la concurrence, et surtout, surtout âpres au gain.
Je suis d’avis qu’à l’Ecole, parallèlement aux cours d’Histoire, on donne un cours sur la Cosa Nostra, la Camora, la ’Ndrangheta, etc. On comprendra mieux l’Histoire et le fonctionnement des Etats partout dans le monde. Ça passionnera les petits enfants.    
Je m’égare. Le sport c’est noble parce que ça permet à l’homo sapiens de se dépasser. Le lombric, le rat musqué, par exemple, n’éprouvent pas le besoin de se dépasser, y a pas à sortir de là. Ce n’est qu’un des aspects de notre supériorité par rapport aux autres espèces. Demandez autour de vous, tout le monde est d’accord. Ah ! Vous voyez bien que le sport c’est rassembleur !
Bien sûr, il y a toujours des gâches-métiers qui font du sport uniquement pour le plaisir et sans faire parler d’eux dans les journaux. Perso, j’en connais un qui malgré son âge presque aussi canonique que le mien vous grimpe à vélo le Mur de Grammont comme qui rigole et rien que pour le plaisir ! S’en fout d’arriver le premier. En sueur, mais peinard. Y a des gens qui ne respectent rien !
Courir plus vite que ses chaussures, c’est pas de la beauté, ça ? Arriver le premier, gagner la partie, rien de plus noble quand ça s’accompagne d’un joli petit paquet de talbins. Ca vous installe un humain dans la vie. Dans son quartier on le traite plus de petit merdeux. Faut savoir rémunérer l’effort.
Les jamais-contents appellent ça « compétition » avec un air dégoûté. Ce sont des perdants. La compétition, c’est le moteur de notre économie, de notre histoire, de notre civilisation, c’est ce qui distingue l’Homme qui réussit (vous connaissez, y a que ça dans la pub à la télé, dommage que ce ne soit pas vous) d’Alexandre le bienheureux. Les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître, sauf ceux qui pensent que le monde n’a pas commencé le jour de leur naissance.
Revenons à nos footeux, nobles parmi les nobles, experts infatigables des coups de pied dans le ballon qui se perdent.
Par contre les montres, ça s’égare moins. Ça coûte un peu cher à distribuer à l’équipe adverse, mais ça permet de gagner les matchs. Gagner le match faut croire que ça rapporte plus que ce que coûtent les montres. Au prix de la Rollex ou de la Patek, ça doit pas être triste. Mais du moment que le rapport qualité-prix est là, où est le problème ?
Oui, oui, c’est pas la première fois que ça arrive les matches truqués, mais jusqu’à présent, semble-t-il, c’était plutôt les organisateurs qui étaient à la manoeuvre. Là, ce sont les joueurs. Ils prennent courageusement leur destin en main et cessent de se faire exploiter par des gens sans scrupules. Bravo !
Oui, oui, ya des grincheux qui pensent que c’est pas honnête et qui veulent sévir. Allons, allons, un peu de tolérance ! Vous savez comment ça va avec une jeunesse impétueuse qui ne demande qu’à s’amuser ! On va pas se mettre à punir des battants, certes un peu légers, mais qui ne pensent pas à mal et donnent l’exemple du succès aux jeunes qui vendent de la drogue. Il ne faut pas les stigmatiser, les dévaluer, les monter du doigt comme de vulgaires truands, sinon, désenchanter le foot ça va nuire à la pub, à la télé notamment. Ça va vider les stades et ruiner des tas de mécènes, aimables propriétaires d’équipes qui ne pensent qu’à distraire le peuple en ces temps particulièrement difficiles pour tout le monde. Y compris les mécènes.
Regardez ceux de l’Union saint-gilloise. Ils ont trouvé un dernier espace vert à Forest, le Bempt. Eh bien, il y a de mauvais coucheurs (se prétendent citoyens, mais sont justes des emmerdeurs), qui veulent leur interdire de ravager ce dernier lopin de verdure ! (A quoi ça sert un espace vert s’il n’y pousse même pas de l’oseille, je vous demande ? C’est tout écolo et compagnie ces empêcheurs de dévaster en rond).  Et qu’est-ce qu’ils veulent y construire au Bempt les mécènes ? Une fabrique de montres ? Non ! Un stade ! Ouf ! Voilà un projet sain. On respire le grand air sur une pelouse de stade. Pas dans les tribunes évidemment, c’est pas fait pour ça. Là, c’est plutôt la frite et le graillon, mais on s’amuse gentiment au moins. Et promis, juré, c’est pas pour le fric tout ça, c’est juste pour le plaisir du peuple.
Je voudrais pas démoraliser le procureur général de Mons, mais...
Que le Monstre en Spaghetti Volant vous touche de son appendice nouilleux
Ramen.