Le silence n'est pas toujours d'or

L'as-tu lu,lulu?

Par | Journaliste |
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Elle s'appelle Salomé Joly. Elle vient de Suisse où elle avait consacré son travail de fin d'étude, sous la forme d'un journal intime fictif, aux (més)aventures et états d'âme d'une jeune femme victime du harcèlement de rue, qui en souffre et qui se rend compte, en brisant le silence, qu'elle est loin d'être la seule. Une dessinatrice, Sybilline Meynet, s'est inspirée de ce texte et en a fait une bande dessinée, “Silencieuse(s)”, parue aux éditions Perspectives Art 9. Jeudi soir, Salomé Joly présentait l'ouvrage à “L'Architecte”, une manifestation parrainée (entre autres) par Entre les Lignes.

Le thème, en Belgique, renvoie évidemment à un autre travail de fin d'étude, le film de Sofie Peeters, qui a engendré une loi plus symbolique qu'autre chose et qui dénonce le harcèlement de rue. D'où naît-il? Généralement, de cet espèce de machisme ambiant qui considère qu'une femme circulant seule est en réalité à la recherche d'une aventure. Or – pour reprendre les termes mêmes de la BD – “ma jupe ne veut pas dire oui”. Ce harcèlement a bien des aspects, des degrés et des nuances mais il aboutit à ce sentiment de peur culpabilisant, inhibant et inducteur de honte et de mal-être que l'on cache le plus souvent.

Cela peut apparaître bien anodin, par rapport au viol, par exemple (on sait que bien des victimes, des deux sexes d'ailleurs, n'osent pas porter plainte), mais se taire est en quelque sorte avaliser une situation inacceptable. Parler, en parler, au contraire, est une arme redoutable: elle incite les victimes à ne pas se laisser faire et aux harceleurs potentiels d'y réfléchir à deux fois, non par crainte du gendarme, mais par prise de conscience. Bien des harceleurs ne se rendent pas compte du mal qu'ils font. Mais la drague, alors? Est-elle automatiquement harcèlement? “Bien sûr que non, dit la jeune femme. C'est une question de respect. Il n'est interdit de parler à personne du moment que l'interlocuteur respecte l'autre. C'est là le vrai critère. Si l'autre ne veut pas entendre, on laisse tomber, c'est tout. Or chez le harceleur, cela déclenche agressivité et injures diverses, du basique salope au plus élaboré chatte à talons!”

Le harcèlement n'est pas que verbal. Il peut être aussi de l'ordre de la poursuite – suivre sa victime jusqu'à son domicile ou de la proximité physique inopportune – coller dans le bus ou le métro. Un mélange de tout cela aussi.

Les dessins tout simples illustrent parfaitement le propos que Salomé Joly avait voulu tenir dans un cadre scolaire, qu'elle a détaillé avec clarté, gentillesse et intelligence jeudi, et qu'il ne tient qu'à vous de découvrir. (Jean Rebuffat)

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Sibylline Meynet et Salomé Joly, Silencieuse(s), éditions Perspectives Art 9, Genève, 2017, 104 pages, 14,95 €. (Disponible en librairie.)

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