Le Photomaton d’Agnès

Pérégrinations

Par | Journaliste |
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Jeannine Carpentier de Bruay-la-Buissière : «Je suis la seule survivante du coron, ici. J’ai dit que je partirai la dernière ». Visages Villages ©Agnès Varda-JR-Ciné-Tamaris,Social Animals 2016

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À quatre-vingt-neuf printemps, l’emblématique cinéaste Agnès Varda aux cheveux bi-colores s’acoquine avec un galopin de trente-quatre ans, le dénommé JR, pour un documentaire buissonnier sur les routes de France.

Heureusement on ne doit plus présenter Agnès Varda. Quant à JR, cultivant le mystère de sa réelle identité et obstinément caché derrière ses lunettes de soleil noires, il est photographe-street-artiste, auteur de photos monumentales en noir et blanc, que l’on peut voir collées sur les bâtiments de grandes métropoles.

C’est à bord de la camionnette-photomaton de JR que le duo en goguette joue à la vie au grand air et s’offre de belles rencontres au fil d’un projet où le hasard sert d’assistant. Car il s’agit de photographier des personnes inconnues croisées au détour d’un itinéraire de fantaisie. Le documentaire "Visages Villages" – prix Golden Eye de Cannes en mai dernier - étant le film lié à cette démarche un peu désordonnée.

Avec leurs anecdotes, leurs conciliabules sur le où, le pourquoi et le comment, Agnès Varda et JR occupent souvent le devant de l’écran et, par ce côté plutôt envahissant, volent la vedette à leur propre sujet.

Mais ne soyons pas ingrats envers ces créateurs, car les bons moments sont très beaux, touchants, poétiques, imaginatifs, amusants parfois.

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Là où le documentaire fait mouche, c’est par le versant insolite des rencontres, le témoignage de ces personnes – parfois tout un village - prêtes à confier leur image à un duo bizaroïde aux idées qui le sont tout autant. Comme ces séquences avec d’anciens mineurs, des ouvriers, un carillonneur, un agriculteur cultivant seul ses 800 hectares. On aimera encore cette résistante des corons, le facteur en mal de tournée, les femmes de dockers, les villageois d’un village fantôme et depuis démoli. Il y a encore les réactions de ces gens simples qui après avoir été mis en boîte se découvrent en très grand format, exposés à tous. Une expérience assurément.

Vient alors l’ultime leçon de ce documentaire où se lit aussi l’acceptation digne et humoristique de ses propres limites par une Agnès Varda aux yeux chancelants. Cette leçon est qu’il faut laisser entrer l’imprévu dans la vie. Cela mène à de savoureuses découvertes et attise l'imaginaire. Et si le talent s’en mêle, cela donne une réussite !

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