“Jardins”, de la nature vers l’artifice

Pérégrinations

Par | Journaliste |
le

Gustave Klimt - Le Parc ; 1910 ou avant. Etats-Unis, New York The Museum of Modern Art, Gertrud A. Mellon Fund, 1957 © 2016. Digital image, The Museum of Modern Art, New York / Scala, Florence)

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Lecture 3 min.

Ceux qui ont l’occasion de flâner à Paris sans se rendre à l’exposition “Jardins” du Grand Palais, seront impardonnables.

Ces jardins, oeuvres éphémères, mais sans cesse renouvelées de saison en saison, sont ici présentés dans toutes les variantes que permet le sujet et sont développés selon une approche multidisciplinaire absolument séduisante. À en juger du résultat, c’est à la fois avec érudition et imagination que les Commissaires de la Réunion des Musées Nationaux se sont emparés de ce thème tout à fait dans l’air du temps, mais qui jusqu’ici n’avait que fort peu retenu l’attention des institutions culturelles.

Conçue comme une sorte de promenade à la fois botanique et artistique, cette exposition mélangeant approche esthétique, scientifique, historique, sensorielle ou ludique, peut-elle même être perçue comme une oeuvre d’art totale qui parcourrait également les époques. Ainsi, de la modeste touffe d’herbe d’Albrecht Dürer au “Jardin planétaire” de Gilles Clément, les jeux d’échelle forment le fil rouge de l’exposition.

Dès le départ, le ton est donné avec la mise en valeur des éléments premiers, comme la terre. Aussi le premier coup de coeur va-t-il à la composition du japonais Koichi Kurita intitulée “Soil Library”, oeuvre qui rassemble des échantillons de terres recueillies sur des lieux historiques, cette fois dans la Loire.

Depuis les symboliques petits tas de pollens aux fruits en verre ou en plâtre, on passe par une belle collection d’arrosoirs et de sécateurs, pour aboutir aux herbiers - jardin sec par excellence – et lesquels ranimeront les souvenirs de pas mal de visiteurs.

Ailleurs, un rassemblement de dessins et de plans figurant le temps de la conception du jardin occupe un espace privilégié. D’autres sentiers et bosquets nous amènent à admirer des chefs-d’oeuvre de joaillerie – comme quelques broches-pinces libellules ou bouton de rose composés de diamants, d’émail et autres émeraudes - signés Cartier ou Van Cleef. Sujets d’amusement encore sont ces (gros) boutons de redingote ornés de vues de jardins de Versailles.

Puisque de tout temps les artistes se sont employés à rendre les jardins éternels, les plasticiens occupent une belle part des passages et perspectives du Grand Palais, avec leurs jardins représentés, rêvés, figurés. Que les peintres s’appellent Matisse, Fragonard, Klimt, Moser, ou encore Eugène Atget ou August Sanders pour les photographes, ou enfin de cet artiste inconnu qui a réalisé la combien admirable fresque en trompe-l’oeil, d’une résidence de Pompéi, les oeuvres savamment accrochées par la scénographie Laurence Fontaine font mouche par leur pertinence et leur originalité.

Et puis, en fin de parcours, il y a cette image poétique et si frappante dont le titre évocateur “A Line Made by Walking”, tenant du land art, où le photographe Richard Long à fixé le tracé de ses propres pas dans l’herbe. Un point d’orgue en délicatesse pour une déambulation chlorophilique ou tout est à prendre et qui rappelle que nous avons tous un jardin à inventer ou à protéger.

 

Exposition “Jardins” : Grand Palais - accès square Jean Perrin – Paris (75). Jusqu’au 24 juillet 2017. Fermé le mardi.

Informations et réservations : www.grandpalais.fr 

 

 

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