Du couscous (ou autres)

À table avec l'Ogre

Par | Journaliste |
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L'un des plats préférés des Français, le couscous. Comme quoi la civilisation, ce sont les colonisés qui peuvent la fournir. Photos © Jr

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Tout a commencé par un rendez-vous impossible avec une de mes filleules, qui crèche dans le XVIIème arrondissement, non loin de la place Pereire (que je refuse obstinément d'appeler Maréchal Juin, même le 18 de ce mois), à la suite d'une maladresse dans mon agenda. Bon, j'étais dans le quartier, il n'était pas loin de 21 heures, j'avais faim, autant dîner là, non? Les brasseries pullulent, dans le coin. Je pense devant l'une d'elles, du moins en apparence, je jette un regard, c'est bondé (nous sommes samedi soir), mais ce n'est pas une brasserie, dites donc! c'est plutôt un restaurant marocain, tiens, chez Sonia, il y a du couscous. J'entre. Je demande timidement une place solo. Un samedi soir, il faut être fou ou optimiste, mais je suis les deux, disciple de Danton (de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace) - et on me répond qu'il y a bien une table, là, mais c'est une table de quatre, elle est réservée mais les clients n'ont pas l'air d'arriver, on va séparer les deux tables, installez-vous, s'ils arrivent je vous déménagerai, il y a une table de deux qui se libère dans vingt minutes. Je m'installe. J'apprécie la beauté du décor, qui ne sacrifie en rien aux habitudes de ce type de restaurant nord-africain. Et je prends un couscous, le méchoui, le plus cher (je vous ai dit que j'étais fou), 37 euros mais il s'agit d'une épaule d'agneau rôtie lentement et laquée aux épices provenant d'un boucher bien connu, accompagnée d'un verre de primitivo.

Je me régale et vu la dose, j'en suis au tiers quand les clients tardifs finissent par arriver. Avec mille excuses, on me déplace et pour me consoler du dérangement, le verre de primitivo est à nouveau (largement) rempli et offert par la maison (qui ignore ma qualité de chroniqueur gastronomique).

J'envoie un message à ma filleule en lui demandant si elle connaît l'endroit; non, elle passe souvent devant, par la force des choses. Devant cette lacune, je lui promets de le lui faire découvrir à notre prochaine rencontre. Nous y voici et cette fois, c'est à déjeuner et en semaine. Prudent j'ai réservé mais la foule n'est pas là, il reste quelques tables. Et à déjeuner et en semaine, il y a un menu complet à 35 euros. avec un triple choix pour l'entrée, le plat et le dessert (bien qu'on soit au coin de la rue Guillaume Tell, aucune pomme n'y figure). La filleule adore le poisson, elle prendra du bar mais moi, je récidive, couscous merguez, on m'en amène trois parfaitement cuites, encore juteuses, piquantes mais pas trop. Déjà rassasié par la soupe marocaine que j'ai choisie comme entrée, je sens mon estomac qui me signale qu'abondance rime avec grosse panse, mais c'est toujours aussi bon... Le bouillon contient les légumes traditionnels juste moëlleux, les pois chiches sont servis à part.

Bref comme dessert c'est le thé gourmand, faut pas exagérer. Eh bien il est servi avec trois desserts, dont une salade d'orange et deux pâtisseries qui ne sont pas trop sucrées, pas dans le genre luisant souvent de rigueur dans ce type de restaurant. Avec une bouteille d'eau et un pichet de rosé marocain, une centaine d'euros. Cher? Mais pas si l'on pense au rapport qualité-prix.

Si vous voulez un peu moins cher (pas tellement, finalement), je vous donne deux tuyaux.

Vous êtes dans le VIème? Le méchoui du prince. Le décor est quelconque mais c'est accueillant, le service est gentil et le couscous, c'est du vrai, pas avec n'importe quels légumes, on fait dans le minimalisme et l'authentique, et dans le généreux aussi, les doses sont gigantesques.

Vous êtes dans le XIXème? L'Atlantide. Un nom un peu mystérieux pour un restaurant dans lequel on entre en pensant se trouver dans une tente au milieu du désert. Là aussi, authenticité (mais il est apparemment authentique de ne pas assez griller la merguez du couscous royal, dont les autres viandes sont parfaites).

Sonia, 115 avenue de Villiers, F-75017 Paris (aussi quelques plats méditerranéens)

Le méchoui du prince, 34-36, rue Monsieur-le-Prince, F-75006 Paris (cuisine marocaine assez variée)

L'Atlantide, 7 avenue de Laumière, F-75019 Paris (cuisine berbère)

Si vous y tenez (un peu déçu lors de mon dernier passage, le couscous c'est comme la nostalgie, ce n'est plus ce que c'était), bien sûr, Bébert reste un classique à la carte bien fournie et au décor presque caricatural.

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Bébert, 71 boulevard Montparnasse, F-75006 Paris.

 

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