Concertations politiques de la dernière chance ?

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Par | Penseur libre |
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« Le poisson suit la houle féconde »… Photo © Véronique Vercheval

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Effervescence et ambiance intenses dans le nganda-bar du quartier. Objet des palabres d’aujourd’hui : les concertations politiques en perspective, telles qu’annoncées par le Président de la République. Et, comme un entraînement au championnat, les copains ambianceurs se sont échauffés déjà, grâce notamment à des doses et à des tournées d’une bière très euphorisante.

 Dès le début du derby, deux camps se sont distingués, pourtant tous appartenant au même quartier, à la même coalition, avec en gros les mêmes soucis au quotidien.

Ce soir, se sont donc dressés face à face : d’une part les « mouvanciers » majoritaires de la même majorité ; et d’autre part les « radicaux » minoritaires de la même majorité. Personnellement, en tant qu’ «Autorité morale » de tous ces ambianceurs et de tous ces cuiteurs du quartier, je  m’en suis tenu, dans la mesure du possible, à la stricte neutralité. Inutile de dire que ce match en plein nganda-bar, était suivi de près, à travers ma qualité d’ « Autorité morale », par mon Ministre en charge des Affaires Stratégiques et Tactiques.

… Le soir justement, joute oratoire explosive dans les deux camps adverses des ambianceurs, avec des ténors enflammés. Voici l’essentiel des propos de ces ténors justement :

  • « Ambianceur I : Chez nous on dit : si au fond du fleuve l’hippopotame, confident du crocodile dit que ce dernier est souffrant, pourquoi douter ? Notre coalition est souffrante. Il faut un remède-choc, une cure-choc de crocodile. Quitte ou double. La vie ou la mort. La réconciliation ou le divorce ! »
  • « Ambianceur II : chez nous on dit : quand l’éléphant se bat avec son rival, ce sont les fourmis piétinées qui souffrent et meurent. Moi, fourmi affamée, fourmi assoiffée, fourmi oisive, je souffre pour rien. Je suis donc partisan de la paix. »
  • Ambianceur III : Chez nous on dit : dès que vous avez identifié un sorcier, il faut sonner l’hallali et le dénoncer haut et fort. Le temps des mots feutrés et de la rumba en couple collé-serré est fini. Je réclame le divorce tout de suite. Chacun pour soi, la République pour tous ! »
  • Ambianceur IV : chez nous on dit : lorsque la barque chavire, ce sont les « goyi-goyi », les pusillanimes qui les premiers prennent le large, sautent à l’eau pour gagner le rivage et changer de chance. Eux oublient vite les accords, les serments et les engagements ; et l’on voit déjà beaucoup de nos congénères se pourlécher les babines, et se préparer à quitter la barque avec   le chant corrupteur des mamiwatas, sirènes-putes des eaux, ainsi qu’à   l’appel des pêcheurs  en eaux troubles... »
  • « Ambianceur I : chez nous on dit : le poisson suit la houle féconde et puissante. Accord ? Serment ? Quel accord entre nous : accord des cuiteurs, oui ! Suivez-nous, suivez le poisson à l’aise dans l’eau, celui du grand large.  Regardez nos mains : propres. Nous n’avons jamais géré des encaquements mensongers, des boukoutages prédateurs, des saletés nauséabondes. Alors, divorce ! »
  • Ambianceur II : chez nous on dit : les mains propres n’existent pas. Les mains de suie et de sang, les mains écaillées, voilà les seules preuves d’un dur, d’un long labeur. Mais nous sommes le tronc d’arbre ébranlé par la foudre ; il ne craint plus les intimidations de la tornade. Mais il cherche la quiétude de l’après-pluie. La paix, encore la paix ; mais la paix se gagne ! »

… A ce point mort des palabres, comme convenu, j’ai adressé un signal   téléphonique discret à mon Ministre. Il a débarqué en trombe dans le nganda-bar ; et aussitôt il a offert une tournée générale à tous les palabreurs. Au milieu de la cuite générale, mon Ministre, lui-même passablement égrillard, a lancé cette phrase toute biblique et électoraliste : « qui m’aime me suive, et se range derrière moi ».

Tous les ambianceurs, toutes tendances confondues, toute polémique bue et tue, se sont rangés derrière mon Ministre, sans même chercher à savoir la vraie couleur politique de l’intrus…

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