70 ans et un moment de grâce

Humeurs d'un alterpubliciste

Par | Penseur libre |
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Mehdi Kassou lit un article de la Déclaration des Droits Humains au balcon de l'Hôtel de Ville. Reportage photographique © Jean-Frédéric Hanssens

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Lecture 7 min.

Moment de grâce, hier à l’hôtel de Ville de Bruxelles. Ce sont les mots de Pierre Galand qui clôturaient, ce 10 décembre, un an de la campagne qu’il avait lancée avec l’APNU dans les écoles francophones du pays. Pierre Galand est un homme de combat non violent. Il tisse des liens qui font avancer les idées et les valeurs qui lui tiennent à cœur. Héritier de Stéphane Hessel,  les droits de l’homme  sont son moteur.

Alors, quand il rencontre Philippe Close pour lui parler de sa campagne (et obtenir un peu de sous...), ils arrivent vite à l’idée de proclamer les articles, le 10 décembre, sur la Grand Place du haut du balcon de notre magnifique Hôtel de Ville. C’était hier soir à 18h comme dans quantité d’autres villes ralliées à l’idée par la persévérance de Pierre. Mais le moment de grâce est venu juste avant, dans la salle Gothique où, pendant une heure, des jeunes lauréats de la campagne ont pu poser des questions aux prestigieux défenseurs des droits de humains qui étaient venus et parmi lesquels se trouvaient Françoise Tulkens, Birgit Van Hout, François De Smet, Alexis Deswaef et Philippe Hensmans.

De ce moment,  j’ai retenu quelques perles que je vous livre.
Philippe Hensmans dira aux enfants qu’il y a moyen de s’amuser, de prendre plaisir en faisant de la défense des droits de humains, son métier ce qui n’est sans doute pas évident à concevoir. Mais quand c’est le patron d’Amnesty qui en témoigne, on comprend la nécessité de ces métiers et de la joie que son exercice peut procurer malgré des droits trop souvent bafoués.

Alexis Deswaef, lui, rappelle que dans son bureau, au-dessus de la cheminée, il a affiché l’article 1 qui rappelle que tous les humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Et comme il y accueille de nombreux étrangers qui ont besoin d’être défendus, il y en a beaucoup qui lui demandent si c’est aussi valable dans leur pays. Il y a encore du travail.

Françoise Tulkens insiste sur la beauté de ce même article qui dit toute l’universalité de la déclaration. Mais elle reconnaîtra qu’elle n’est pas parfaite, qu’elle ne couvre pas les droits économiques. Elle ajoutera aussi, à la demande d’un jeune qui la défiait, que si elle devait ajouter un article ce serait le droit à un environnement sain et tout le programme qui en découlerait.

François De Smet félicitera les jeunes qui ont pris la parole pour leur éloquence mais aussi leurs professeurs parce que l’éducation aux droits humains n’est pas une chose facile et il est bien placé pour le savoir.

Et puis Birgit Van Hout, du bureau européen du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU, rappellera que les droits humains c’est aussi et surtout une philosophie de vie. Seul, nous ne pouvons pas résoudre toute l’injustice et les conflits du monde, mais chacun peut, autour de lui, au quotidien, décider de vivre animé par les valeurs de cette vielle déclaration et réduire, par exemple, le harcèlement ou la discrimination à l’école.

En l’entendant, je ne pouvais pas oublier plusieurs centaines d’élèves qui ont participé avec leurs écoles et qui nous ont dit que travailler sur cette déclaration, en réaliser des affiches, des vidéos, des spectacles, des expos pour sensibiliser le reste de l’école avait petit à petit changé leur école. Et on se dit effectivement, fort de leurs expériences et de leurs témoignages, que ce type de projet peut réduire la tendance au clivage qui naît spontanément dans toutes les cours de récréation du monde où les enfants peuvent être si durs entre eux.  Birgit Van Hout ajoutera le témoignage de ses amis  dont le fils souffre du syndrome de Down.  Mais ce dont il souffre le plus, dit-elle, c’est du regard des autres parce que, comme nous l’ont dit les enfants handicapés qui ont participé à la campagne, ce regard manifeste trop souvent qu’on ne les considère pas tout-à-fait comme des humains.
Il faut sortir des clivages de religion, de genre, de races, de classe, de physique, de capacités et chercher une troisième voie celle qui considère tout être humain comme pleinement humain. Penser vivre et agir pour les droits humains à l’école c’est faire progresser l’humanité en tout être humain.  C’est apprendre à utiliser « sa raison et sa conscience pour agir les uns avec les autres dans un esprit de fraternité » comme le dit l’article 1, encore lui. C’est se souvenir face à une personne handicapée que nous sommes tous des êtres vulnérables susceptibles de le devenir un jour.

Alors il ne manquait peut-être qu’une chose à ce moment de grâce, c’est l’idée d’une convention sur les droits culturels. Parce qu’on l’a vu, les Droits Humains ont besoin d’éducation, de médias et d’artistes pour oser les faire gagner en universalité. Ce sont des droits culturels essentiels au progès de l'humanité.

Une chose est rassurante, parmi les 3500 jeunes qui ont participé à la campagne lancée par Pierre Galand et l’APNU, j’ai vu, avec Huguette Van Campenhoudt qui coordonnait cette campagne avec moi, des successeurs prometteurs de Stéphane Hessel, Pierre Galand, Françoise Tulkens, Alexis De Swaef,  Philippe Hensmans et tant d’autres. Qu’espérer de mieux que les vocations que suscitent les droits humains. Merci Pierre Galand.


Pierre Galand qui a lancé la campagne, il y a un an avec l'APNU dans les écoles francophones du pays.

Les jeunes lauréats de la campagne ont pu poser des questions aux prestigieux défenseurs des droits humains.


Philippe Hensmans, Françoise Tulkens, François De Smet, Birgit Van Hout et Alexis Deswaef


Pierre Galand

Philippe Hensmans et Françoise Tulkens

Birgit Van Hout, François De Smet et Alexis Deswaef

Françoise Tulkens, Gabrielle Lefèvre, Philippe Hensmans et Alexis Deswaef

Philippe Hensmans, Pierre Galand et Alexis Deswaef

Françoise Tulkens, Gabrielle Lefèvre, Huguette Van Campenhoudt et Pierre Galand

Françoise Tulkens et Philippe Close

Pierre Galand, Birgit Van Hout et Philippe Close

Pierre Galand, Philippe Close, Philippe Hensmans et Alexis Deswaef

Une foule nombreuse sur la Grand-Place tenant des bougies d'Amnesty International. Pour l'occasion, les illuminations ont pris la couleur des Nations unies.


Pierre Galand et Jan Bucquoy
 

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