Valott, la Covid à l’épreuve de l’humour suisse.

Street/Art

Par | Penseur libre |
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Valott est de son état dessinateur de presse. Il publie régulièrement ses dessins dans deux journaux suisses : « 24 heures » et « Le Matin ». Comme tout bon dessinateur de presse, le métier se perd et c’est fort dommage, il suit l’actualité et propose aux lecteurs des dessins dont le but avoué est d’arracher un sourire à ses fidèles lecteurs.

A partir de mars 2020, l’épidémie et son macabre cortège de milliers de personnes infectées et des milliers de morts ont envahi le champ de l’actualité reléguant au second plan les autres informations. Toutes les chaînes de télévision, toutes les stations de radios, tous les journaux, tous les réseaux sociaux ont, jour après jour, suivi les ravages du virus et focalisé leur attention sur les recherches le concernant, sur les modes de propagation, sur les symptômes, sur les gestes-barrières, sur les avancées des laboratoires pour mettre au point un vaccin. Impossible dans ces conditions de ne pas « parler » de la Covid 19. Valott ne pouvait pas ne pas en faire le sujet principal de ses dessins. Et cela pendant plusieurs mois. Jusqu’à une relative décroissance du nombre des personnes infectées et des décès.

Or donc notre dessinateur suisse (personne n’est parfait !) profitant du modèle de référence du virus qui s’est très rapidement imposé, une sphère couverte de moultes protubérances, a décliné avec un humour particulier les affres de ce satané virus et moqué les comportements de ses semblables.

Il est curieux de remarquer le nombre de références culturelles de ses dessins. De ses deux mains qui se touchent au-dessus d’un flacon de gel hydroalcoolique, référence au fameux plafond de la chapelle Sixtine de Michel-Ange, à la hache qui fend une porte close, clin d’œil à la scène culte du film « Shining » de Stanley Kubrick, à « La grande vague de Kanawaga » d’Hokusai, à la trop célèbre petite moustache ridicule d’Hitler, aux dessins du virus « à la manière de ». Ajoutons pour faire bon poids, un Picsou masqué qui thésaurise les masques et le drapeau national symbole de la nation.

Si certains dessins sont drôles (j’avoue que la caricature du président brésilien Bolsonaro, tragique Père Ubu, est d’un burlesque assumé qui me ravit), d’autres prémonitoires (je pense à la photo de classe de l’année de grâce 2020 et à ce globe terrestre dont la rotation est coincée par un minuscule virus et à ce code-barre, symbole du commerce, fracassé par un virus).

La série de dessins de Valott est une chronique douce-amère de la période que nous venons de vivre. Il se moque avec retenue de nos travers, la recherche des masques et du gel hydroalcoolique en particulier, et porte un regard amusé et tendre sur notre humaine condition.

Notre homme publia ses dessins dans la presse et, comme ça, « pour voir », comme disent les joueurs de poker, les posta sur Facebook. Devant les bons retours, il a décidé de les réunir et d’en faire un livre qu’il a titré « Terriens, t’es rien ! ». Le jeu de mots certes qui attire l’attention du chaland mais dit également les limites de la puissance des Hommes.

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Valott, dessinateur devant l’Eternel, le « monsieur qui dessine des petits Mickey », aurait dit feue ma grand’mère, rencontre l’enseignement des grands philosophes. Comment ne pas citer ce célèbre passage des Pensées de Pascal : « L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer ».

Aujourd’hui, écrivant ce billet à quelques encablures de la Catalogne, je me donne un mal de chien pour sourire. Je sais que cette humeur noire s’en ira, comme le temps, avec le temps tout s’en va (chanson connue). Resteront des traces, des fresques sur les murs, des dessins qui témoigneront de la Grande pandémie de 2020

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