Nô et Valé, pochoiristes

Street/Art

Par | Penseur libre |
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Miss-Tic, Jef Aérosol, Blek le Rat, C215, quatre noms de pochoiristes, parmi tant d'autres, Quatre noms qui suffisent pour illustrer le rayonnement de la technique du pochoir aujourd'hui sur la scène street art et son incroyable diffusion auprès d'un public de plus en plus large.

Bien qu'ayant déjà abordé dans plusieurs chroniques l'analyse d'oeuvres peintes au pochoir, l'objet de ma chronique sera un commentaire de deux artistes émergents qui utilisent le pochoir pour peindre des portraits et uniquement des portraits.

L'intérêt de la comparaison entre les oeuvres, relativement semblables à première analyse, est de montrer que ces deux artistes développent des projets artistiques ayant certes des points communs mais aussi des différences quant à leur signification.

Il convient d'établir une différence entre ce que je nommerais les "petits pochoirs" et les grandes fresques convrant des centaines de mètres carrés.

Les "petits pochoirs" sont de dimensions réduites correspondant grosso modo aux formats des papiers à dessin (A1, A2, A3). Par comparaison, la fresque de Jef Aérosol qui domine la fontaine Stravinsky à Paris mesure 350 mètres carrés. Il fallut pour la peindre, des lès de 20 mètres de hauteur, 22 bâches, 3 jours pour peindre avec des bombes aérosol. Sans compter les journées qui furent nécessaires pour monter et démonter l'échafaudage. Jef Aérosol fut assisté par 5 autres artistes : Blek le Rat, C215, Miss-Tic, Kris Trappeniers et Vhils. Rappelons que le projet fut porté par la galerie Vertikal avec le concours de l'entreprise Doublet, entreprise mécène qui a participé au financement de ce qu'il convient de nommer un chantier.

Les "petits pochoirs", l'épithète, ne réfère qu'à la taille des oeuvres, ont depuis toujours suscité mon intérêt. C'est la raison pour laquelle je souhaite commenter les oeuvres de deux pochoiristes émergents qui peignent des "petits pochoirs". Il y a à cela deux raisons : la première c'est que ces artistes offrent leurs oeuvres aux badauds, la seconde c'est que ces deux artistes ne peignent que des portraits.

Nô (comme "no" en anglais) a peint de très nombreux portraits d'enfants,mais des portraits également d'hommes et de femmes. Ses portraits se singularisent par leur simplicité. Toute l'attention de l'artiste est résolument centrée sur le visage des "modèles". Ce sont quasiment des gros plans. Les vêtements des personnages sont davantage évoqués que décrits. Aucun "accessoire" ne révèle l'activité du sujet. Quant au décor, soit il n'existe pas (c'est le support qui sert de décor), soit une couleur uniforme déposée en à-plat cerne le visage pour le mettre en valeur en le détachant du fond. Le support est choisi à l'évidence avec grand soin (couleur, matière etc.).

Les attitudes des sujets laissent penser que Nô s'est inspiré de photographies. Certainement de photos qu'il a prises. Elles sont posées. Les sujets "offrent" leurs visages au photographe. Sauf exceptions, le sujet principal est le regard des personnages.

J'y vois là l'essentiel du talent de Nô. Visages et regards sont des offrandes faits au photographe quelques millièmes de seconde. Ces visages expriment souvent la joie, une joie offerte par les enfants des rues, par les pauvres de toutes les villes du monde.

Nô après des études supérieures, après avoir enseigné les langues et les sciences sociales, rompt avec une carrière toute tracée et crayons, pastels et aquarelles dans le sac à dos visite le vaste monde. Il dessine et il peint les visages de ceux qu'il rencontre. A son retour en France, il développe la technique du pochoir, technique permettant la mulriplication des oeuvres.

Le discours de Valé (Valérian Stencil) diffère de celui de Nô.

Valé est un artiste français qui vit actuellement au Mexique. C'est, comme Nô, un grand voyageur. Son projet est d'amener le "regardeur" à penser la beauté de notre humanité. Ses pochoirs sont des portraits, des portraits d'enfants, d'hommes et de femmes de toutes origines. Des portraits posés comme des souvenirs de voyage. Pour traduire la beauté, l'artiste choisit une palette de couleurs vives et éclatantes recherchant les contrastes forts et l'harmonie. Ce choix est complété par le traitement du décor qui, explicitement, a la fonction de mettre en valeur la beauté des personnages.

Avec force et délicatesse, Valé nous montre la beauté de nos frères humains. Beauté des visages et des vêtements mais aussi douceur d'un regard, partage d'une marque de respect, d'une éphémère émotion.

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Nô et Valé ont bien sûr des points communs, de grands voyageurs qui ne peignent au pochoir que des visages, mais leurs projets artistiques sont différents. Nô s'attache à une défense et une illustration des "opprimés", Valé promeut une vision du monde généreuse et humaniste.

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