J’ai 80 ans et vous êtes mes camarades,

Une édition originale

Par | Penseur libre |
le

Un portrait de Pierre en vigie des droits humains, par l'artiste Caroline Delbaere, de Sully-sur-Loire. Photo G.L.

commentaires 0 Partager
Lecture 4 min.

Nous sommes d’accord entre nous : il faut faire tomber les murs du capitalisme ultralibéral prédateur des biens et de la nature à son profit exclusif. Ils sont peu nombreux mais ces capitalistes-là surfent depuis 50 ans sur une vague de privilèges. Ils sont aux commandes d’un navire qui nécessite de plus en plus de rameurs dociles et aliénés.
Dans le même temps, trop avides et complices silencieux de leur forfaiture, ils sont incapables d’autres projets que le leur : celui de s’enrichir à n’importe quel prix, celui de la paupérisation de ce qu’ils considèrent comme l’excédent démographique dans des contrées lointaines, celui de la masse des salariés asservis à leurs compétitions mégalomanes, celui des destructions des biens communs : l’air, l’espace, l’eau et l‘ensemble de notre patrimoine naturel .
Ils sont les riches de ce début de XXIème siècle et sont pires que les féodaux et les grands prédateurs des siècles précédents car ils ont largement déconstruit l’état de droit et l’ensemble des règles et droits conquis par les peuples en lutte pour le respect de leur identité et de leur droit au bonheur.
Face à eux, les efforts et les révolutions populaires ont permis de mettre à mal les différents fascismes qui ont dramatiquement meurtri et sali notre humanité. Les luttes sociales, féministes, anticoloniales, les résistances populaires témoignent des solidarités dont les humains sont porteurs. Mais elles n’ont pas encore permis de construire le front anticapitaliste suffisamment puissant pour créer un rapport de forces capable de porter un projet d’émancipation pour l’ensemble des habitants de notre planète.
Nous n’aurons ni la force brutale, ni les moyens techniques pour, tel le bulldozer, renverser les murs qui protègent les riches. La force, les services de sécurité privés, les armées et les armes de destruction massive, c‘est eux qui les possèdent ou qui les contrôlent. Les finances, c’est eux qui les ont placées dans des paradis fiscaux. L’OTAN et les clubs privés tels le Bilderberg et son avatar la Trilatérale, sont gérés par eux.
Serons-nous soumis, vaincus, incapables de les déstabiliser ou serons-nous, tel David, capables de renverser Goliath ?

Nous avons pour nous l’idéal de la justice, de la liberté et de la solidarité nous permettant de nous reconnaître, riches de nos projets, de nos cultures, de nos diversités et de nos aspirations communes à un monde accueillant pour toutes et tous. Nous, pour qui le progrès de l’humanité c’est le partage des valeurs de respect, d’entraide et de coopération. Nous créons chaque jour une multitude d’initiatives qui, toutes, visent à l’émancipation de humains et à l’apprentissage d’un vivre ensemble pour construire ensemble cet autre monde plus fraternel et - nécessairement - plus empreint de sororité. Nous sommes pluriels. Nous sommes une multitude de « David ». Face aux murs des privilèges construits par les riches « Goliath », nous sommes capables, dès aujourd’hui, de saper les fondations du capitalisme ultralibéral en sabotant ces murs, retirant là où nous le pouvons, une brique, un parpaing, le ciment et les joints, en sciant les fers à béton. Certes, c’est un travail de courage et de longue haleine. Mais il a l’avantage de pouvoir associer tout un chacun là où ils et elles vivent, travaillent, étudient, agissent pour des alternatives.

Lorsque le feu progresse, il y a ceux qui creusent les tranchées, ceux qui arrosent, ceux qui évacuent les personnes en danger. Ce qui les unit, c’est d’éteindre l’incendie. Il en va de même pour vaincre le capitalisme actuel.
Bien évidemment, comme l’ont fait les résistants à l’appel de Jean Moulin, la pratique des attentats contre l’ennemi exige deux choses. La première : de considérer que notre dignité nous interdit de rester les bras ballants face à l’ennemi, même travesti en fondations humanitaires. La seconde : de débattre et imaginer ensemble cet autre monde débarrassé du cancer capitaliste ultralibéral avec lequel aucun compromis n’est plus possible.
Il faut que chaque pierre, chaque ferraille retirée du mur par un.e résistant.e. puisse servir à l’édification de notre humanité, au service de l’ensemble des humains et de l’ensemble du vivant.
Ce fut l’audace du Conseil national de la résistance et ce doit être la nôtre.
Vive demain.
Vous embrasse, camarades.
Pierre Galand
28/07/2020

Il semble que vous appréciez cet article

Notre site est gratuit, mais coûte de l’argent. Aidez-nous à maintenir notre indépendance avec un micropaiement.

Merci !

P.S. Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous conseille de vous procurer le petit livre de Edgar Morin "Changeons de voie", paru ce début juillet

 

commentaires 0 Partager

Inscrivez-vous à notre infolettre pour rester informé.

Chaque samedi le meilleur de la semaine.

/ Du même auteur /

Toutes les billets

/ Commentaires /

Avant de commencer…

Bienvenue dans l'espace de discussion qu'Entreleslignes met à disposition.

Nous favorisons le débat ouvert et respectueux. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d'expression, sous peine de non-publication. Les propos tenus peuvent engager juridiquement. 

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Cet espace nécessite de s’identifier

Créer votre compte J’ai déjà un compte