Sans capote ni kalachnikov

L'as-tu lu,lulu?

Par | Journaliste |
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Blaise Ndala ose : le verbe cru, le témoignage glaçant, la plongée dans l’âme et l’histoire des tortionnaires, la dénonciation des corruptions et sanglantes luttes de pouvoir en République Démocratique du Congo. Et surtout : l’hypocrisie de ces Occidentaux qui profitent de ces guerres voire même, sous prétexte de les dénoncer, en tirent une gloire médiatique qui ne fait que susciter de l’émotion, rentable !

Blaise Ndala, écrivain congolais établi au Canada après des études de droit en Belgique, nous lance au cœur une belle leçon. Il raconte, à travers les paroles de deux jeunes embrigadés dans des milices rebelles au pouvoir de Kinshasa, virant vers la protection des circuits mafieux d’exploitation des « minerais de sang », les actes atroces de tortures et d’extermination de villageois, surtout des femmes, se trouvant sur leur route. « Fourmi rouge », jeune homme intelligent et impulsif, dialogue avec « Petit Che », l’intello qui répugnait à violer et tuer et qui combattait avec un livre du Che dans sa besace. Et l’on comprend comment tant de jeunes ont été embrigadés dans des combats épouvantables, certains perdant tout sens des limites morales, d’autres entraînés malgré eux dans ces ivresses de sang.

« Fourmi rouge » raconte tout cela, au long des derniers jours qui lui restent à vivre, rongé par cette terrible maladie qu’on ne nomme pas. Il raconte son enfance, ses proches, la vie familiale, politique, guerrière. Il veut savoir pourquoi une cinéaste canadienne a obtenu les Oscars avec une partie de son histoire à lui.

Cette fiction, d’un réalisme impitoyable, nous force à réfléchir aux complicités des firmes, de certains gouvernements, avec ces actes odieux.

  • Blaise Ndala. « Sans capote ni kalachnikov ». Editions Mémoire d’Encrier. Montréal. 2017. www.memoiredencrier.com

Peuls

L’Afrique actuelle est issue d’une très longue histoire d’empires, de conquêtes, de guerres effroyables, de guerres de religions, de colonisations sanglantes, rarement pacifiques. Nous, occidentaux blancs formatés à l’histoire racontées par nos historiens, ne connaissons rien à cela. Pourtant, l’histoire de l’humanité démontre l’existence des mêmes  mécanismes de civilisation : commerce de biens divers y compris d’esclaves entre ethnies différentes, entre royaumes aux structures quasi féodales, armées de mercenaires et de villageois enrôlés de force ou parce qu’il n’y a pas d’autre avenir, conquêtes permanentes et fluctuantes avec luttes fratricides s’étendant sur des siècles…

« Peuls » est cette saga racontée comme le ferait un griot rappelant les ancêtres des ancêtres et toutes les lignées, et toutes les trahisons, par Tierno Monénembo, considéré comme le plus grand auteur africain actuel. Il y a quelque chose d’hypnotique dans cette prose qui raconte les vies des familles, celles des palais, celles des féticheurs, celles des convertis à l’islam, celles des commerçants, celles des explorateurs coloniaux. Vies de Peuls qui s’entredéchirent ou créent des royaumes selon leurs filiations et leurs intérêts. Ces Peuls généralement moqués par les autres ethnies car le racisme est universel, comme l’appétit du pouvoir, comme les guerres de religions, comme les colonialismes.

Ces deux livres, « Sans capote ni kalachnikov » et « Peuls » entrent en résonnance si l’on veut bien considérer le temps long, celui de l’histoire, et l’interaction avec les passions et l’avidité humaine.

Reste l’humanisme, qui essaie de comprendre, de décrire et de créer un peu d’espoir : nos interactions d’histoires et de civilisations créent aussi des métissages heureux, brillants dans toutes les facettes de l’art, des cultures. Témoin : la fécondité littéraire africaine de plus en plus publiée pour notre plus grand bonheur. (G.L.)

  • Tierno Monénembo. « Peuls ». Editions du Seuil. Coll. Points 2212. 2004.

Un appel d’Amnesty International

Depuis 2016, dans la région du Kasaï en République démocratique du Congo (RDC), des milliers d’enfants ont été recrutés par des groupes armés pour participer aux combats et sont exposés à une violence effroyable.

En 2017, Amnesty International a interrogé des enfants à peine âgés de 11 ans qui ont décrit les abus horribles qu’ils avaient subis et notamment la manière dont ils avaient été forcés de participer aux combats et blessés par balles. Afin de leur faire croire que rien de leur arrivera sur le champ de bataille, les chefs de guerre les contraignent à avaler des boissons mystiques censées les protéger contre les balles.

L’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans ou le fait de les faire participer activement à des hostilités constituent un crime de guerre. Les autorités congolaises doivent tout mettre en œuvre pour protéger les enfants du recrutement forcé et des autres violations des droits humains auxquelles ils sont exposés en RDC. Elles doivent également traduire en justice les responsables de ces violations. Signez notre pétition adressée au Président Joseph Kabila.

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https://www.amnesty.be/je-veux-agir/agir-en-ligne/petitions/kasai

 

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