L' innommable indétectable 

A PA PEUR

Par | Penseur libre |
le

Photo ©  D.R.

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Lecture 7 min.

 


On était dans la mouillasse, dans la sombritude des choses, dans le non-essentiel qui pourtant nous manquait, et on était aussi dans une sorte de mouillure pas vraiment rèche qui s'accrochait à nos restes que, péniblement, nous tentions de maintenir à un niveau encore acceptable pour notre propre satisfaction. 
Non, ou plutôt si : ce n'était pas drôle de se sentir ainsi maintenu artificiellement en état de marche. Et comme de bien entendu, les voisins nous regardaient comme si nous étions revenus indemnes de certains camps de travail concentrationnaires ! Ce qui était faux, on n'en revenait pas, on y allait, mais eux les spectateurs ne le savaient pas. Ils s'accrochaient à l'idée que nous, les rescapés de de l'escalade des escarmouches, on y avait échappé et que, dans notre cas, celui de l'escapade, eux n'auraient pas tenu le coup. C'était pour se rassurer évidemment : c'est plus gratifiant de se dire qu'on y a échappé que de se dire qu'on va peut-être y rester.....
Savait-on qu'on y allait ? Savait-on que l'odeur du massacre de nos libertés nous effleurait les narines sans qu'on sache tout à fait si c'était une odeur réelle ou une mise à l'épreuve avec fragrance due à notre imagination ? 
On nous avait dit de marcher, nous marchions ; on nous avait dit de chanter, nous chantions ! Certes, c'étaient des hymnes parfaitement idiots qui auraient pu passer pour des tubes à une autre époque, mais comme le cœur n'y était pas, ça devenait un murmure halluciné au travers duquel les paroles du poète, à certains passages nous passaient par dessus la tête .....ce n'est pas le chant qui permet de crier victoire, le bruit des armes est plus rassurant que les contre-ut de la diva de service !
D'ailleurs il n'y avait pas de diva, pas plus que de ténor patenté, ni de chef d'orchestre qui jouait parfois au chef de chœur, et qui essayait de s'improviser gardien du tempo pour nous faire garder le rythme et, sublime tentation, qui aurait voulu nous faire marcher au pas !
Nous mettre au pas ! Ha-ha-ha ! Ils y croyaient vraiment, ces enflés de la prostate et même qu'en plus, ils montaient le son ! Qu'est-ce qui leur passait par les ventricules à ces verrats aux carrures  gonflées de fierté libidineuse, couilles en tête ? Nous, tout en y allant, mais mollo-mollo, on restait pantois tactiquement, cachant tant bien que mal l'hilarité qui se fixait sur notre visage jaunâtre à l'expression défigurée par les inventives réponses insensées aux questions ambiguës que, pourtant, on savait insolubles. Elles étaient aussi déchirantes que nos faces, angoissées de ne pas savoir de quel coté montrer la même face : fallait-il virer du coté où le profil était, et l'est toujours, le plus flatteur, pour tenter de se définir en omettant l'essentiel ? Fallait-il se fixer un but tout en sachant qu'il n'y aurait qu'un seul choix possible qui aurait été, soit de montrer en effet une belle grande gueule, menton en avant, sans rien cacher d'une certaine détermination, ou de faire profil bas pour signifier qu'il y avait aussi un coté acceptable, le possible, celui de l'innocence qui dissimulait vachement bien la réalité de notre détermination réelle, et qui, on le savait depuis toujours, demeurerait fermé aux sollicitations grotesques d'un pouvoir en déséquilibre constant !  
Oufti, mes aïeux, quelle affaire ! Quelle bizarrerie bizarre ! Quelle intensité dans le non-dit, dans l'absence de résolution spasme-modique (pas tant que ça ), quelle absence de vérités dans le délire post-jubilatoire des ostentatoires déclarations qui, en principes, ne se décernaient qu'aux nantis et aux ayant droits ! 
Revenons à nos boutons de fièvre, aux dantesques rassemblements de spitantrouilles, de troudéçus, de malembrochés, de morleneux, d'érectophiles, de scatophages, de susselepus, de caressplaies et de passmwalbeurs : tous étaient dans le besoin, tous étaient présents, gargarisant de la glotte pour laisser venir à l'air libre, les éructations revendicatrices qui, recensées heure par heure, valables au moment même de leurs éclosions et ne restaient d'actualité qu'un tout petit instant . 
On n'était pas certain que l'efficacité allait être perçue, mais qu'importe le flacon puisque l'ivresse du danger imminent se concrétiserait en une course poursuite à travers champs, au détriment des renoncules piétinées et se jouerait à cache-cache avec les chevaux qui ne pigeaient que dalle aux ordres de leurs cavaliers, lesquels manipulaient la matraque avec la virtuosité d'un apprenti forgeron tapant sur l'enclume ou d'un bourreau novice qui abat l'hache sur le billot, passant, en passant de justesse, par la nuque condamnée. 
Vï-ins djeu, quelles maudites scartofules de granifrodjale dimaud'arèdge !
Croyez-moi, on n'aboutit pas par hasard dans les déjections colorisées de ces maudites scartofules qui ne nous laissent guère le temps de s'habituer aux souffrances dont elles nous gratifient : à peine en est-il une de supprimée, alors qu'on allait crier victoire, qu'une autre, puis une autre puis encore une autre rappliquent en criant déja victoire ! C'est alors qu'ils se pointent, ces escadryapad'pardon de la mort, qu'ils s'unissent par leur trifouilles tout en riant aux éclats d'abus, conscients de la farce qu'ils sont en train de nous  jouer ! Quand je dis ils, c'est « elles » qu'il faut dire. Mais je crois aussi que, malignes comme rate qui parvient à la nourriture en défiant les lois de l'équilibre sans se perdre une seule fois dans le labyrinthe, la scartofule femelle, ressemblant comme deux gouttes de sperme à son mâle compagnon, ne s'abaisse jamais à se gonfler d'importance en montrant ses parties nobles colorées rouge-tison, comme font les primato-primates de Guinées...je ne parle pas des tribus d'espèces humaines qui y survivent mais de ces petits animaux qui y ressemble et que souvent on ignore parcequ'ils paraissent innofensifs ! Mais méfiez-vous, ces bêtes-là sont d'une méchanceté virulente à tel point que les hommes les plus puissants prennent la fuite s'ils ont juste l'impression d'être observés par ces bestioles mortifères quasi indétectables.....
Ah le beau et le bon mot que voici : indétectable ! C'est ça l'arme toujours secrète des scartofules: in-dé-tec-ta-ble ! C'est à dire impossible à détecter par les moyens habituels, quoiqu'on les imagine fort bien, de gauche à droite, de bas en haut et en travers ! Mais ça ne suffit pas : on ne détient pas la ou les preuves de leurs existences, on sait qu'ils ou elles existent par l'imagination (dont nous ne manquons pas) que titillent les dégats qu'ils/elles causent ! Alors on suppose qu'il/elles sont comme ci ou comme ça, que leur férocité est inéluctable et que par conséquent, on n'y échappe pas ! Alors justement et à propos, pour essayer de leur échapper, on tente de créer une arme qui pourrait les anéantir, mais comment obtenir un tel objet si on ignore les qualités de l'ennemi, si on ignore leur nature profonde et leurs éventuels moyens de défense ? 
A part s'anéantir soi-même, par l'eau ou par le feu, ou par n'importe quel autre moyen de destruction massive, on (c'est à dire nous, les savants fous et les chercheurs au QI surdimensionné) ne parvient pas à élaborer le moindre petit piège à souris qui, s'il est primitif n'en est pas moins efficace ! 
Reste alors la résignation, le fardeau à porter, la mauvaise conscience à supporter, l'abandon d'une vie sans problèmes pour une existence faite de misère, de plaies purulentes et de maux divers qui nous plantent leurs banderilles aux endroits les plus improbables de nos articulations. 
Et quand ça devient tout à fait insupportable, on essaie d'oublier de respirer, on tente d'arrêter les battements de la vieille tocante toquée en s'injectant venin et bave de crapaud et en avalant une décoction faite d'un mélange de poudre de fourmi rouge, de migale  et de frelon asiatique. 

Et sur le lit, puant de vieille sueur rance, on ose encore dire plein d'espoir :

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a pa peur ...


 

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