La non-disuassion nucléaire
Edito par Jean Rebuffat, le 14 octobre 2022

Il y a bien pire que la bombe qui explosa à Hiroshima. La capture d'écran montre ce qu'une bombe du genre ferait dans l'hypothèse où le siège de l'Otan serait frappé. Source https://theworld.org/stories/2015-08-04/what-if-your-hometown-were-hit-h...
Si l’on essaie de s’extirper des contingences immédiates, il y a une leçon claire et sans doute inattendue qui s’impose: la dissuasion nucléaire n’empêche pas la guerre entre puissances nucléaires. On aurait dû se méfier, les grandes puissances continuaient à guerroyer de ci de là, mais cela paraissait anecdotique par rapport aux deux conflits majeurs de la première moitié du XXème siècle. La guerre, pensait-on par ici, est conjurée par deux facteurs, un, l’équilibre de la terreur, deux, la volonté européenne de cesser les conflits et de construire un monde en commun.
Yalta n’a pas ébranlé la situation. C’est que les deux blocs antagonistes – en résumé l’Union soviétique et ses satellites contre le monde dit libre – savaient pertinemment les limites à ne pas franchir.
Ces limites sont devenues floues, paradoxalement, depuis la chute du mur et l’implosion du communisme européen. La guerre d’Ukraine est conçue comme devant déboucher sur des annexions que la prétendue intangibilité des frontières était supposée prévenir. L’équilibre de la terreur, aujourd’hui, serait plutôt du ressort du fait accompli à propos duquel l’agresseur pense qu’on ne répliquera pas vraiment, car la riposte coûterait aussi cher à celui qui réplique que les souffrances et destructions infligées à l’agresseur.
C’est une situation inédite dans l’histoire de l’humanité. Et ce n’est pas le moins inquiétant: même si bien évidemment le conflit russo-ukrainien rappelle par certains aspects des guerres antérieures, il n’y a pas de ces fameuses leçons de l’histoire à appeler à la rescousse pour prendre des décisions sensées – lesquelles, en outre, deviennent clairement de plus en plus difficiles quand perdure le langage des armes.
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