semaine 22

Le rhinocéros vivra sans corne

Question d'optique par Jean-Frédéric Hanssens, le 04 mai 2017

C'était au Botswana et au Zimbabwe au cours de ce mois d'avril. Nous étions partis à pied à travers la brousse à la rencontre du Rhinocéros. Notre guide zimbabwéen, blanc et fervent protecteur de cet animal dont les cornes sont fort convoitées, vient de repérer 3 individus. Nous approchons à pas de loup, jusqu'à moins de 10 mètres  d'une femelle et de son petit ainsi que du mâle. Quand ce dernier vous fixe et se met à avancer dans votre direction, je peux vous affirmer qu'entendre notre guide parler rhino par des sons et grognements successifs, ça fait un bien fou surtout quand le rhino blanc aux lèvres larges se remet à brouter tranquillement. Son cousin noir, aux lèvres pointues est lui phyllophage et se nourrit  donc presque exclusivement de feuilles. A propos de leur différenciation par la couleur, on raconte qu'il s'agit d'un malentendu entre Africains du Sud et Britanniques. En effet, les premiers distinguaient le rhinocéros blanc et le rhinocéros noir grâce à leurs lèvres. Les Africains du Sud employèrent le mot “wide” (large) pour qualifier les lèvres du rhinocéros blanc et les différencier de celles du rhinocéros noir  qui sont, elles, pointues. Les Britanniques comprirent “white” (blanc) au lieu de “wide”, et c'est la nomination des Britanniques qui est restée.  Nous sommes figés et attendons dans le silence que la petite famille s'éloigne pour retrouver après 1 heure de marche la piste de brousse qui nous a menés jusqu'à eux. John, notre guide nous rappelle que le massacre des rhinos, avait atteint un pic en 2015 avec 1.215 rhinos tués. Après des mesures draconiennes prises par le ministère de l'environnement sud-africain, l'année 2016 marque une diminution de 10% soit 1.054 animaux tués principalement dans le parc national Kruger, situé dans le nord-est du pays. Ces massacres nourrissent un trafic destiné à plusieurs pays asiatiques, dont la Chine et le Vietnam, où la médecine traditionnelle attribue toutes sortes de vertus à la corne de rhinocéros, dont celles de guérir le cancer ou l'impuissance. Et souvenez-vous, ce 7 mars, les soigneurs du zoo de Thoiry, près de Paris, ont découvert leur rhino blanc de 4 ans abattu et dont la corne principale avait été sciée. Un butin estimé à plus de 35.000€. Le marché asiatique est immense et les braconniers sont de mieux en mieux armés et déterminés. Si bien que pour lutter contre ce fléau, un tribunal de Pretoria a autorisé, fin 2015, le commerce régulé de la corne pour le marché intérieur. Aussi pour éviter le braconnage, les propriétaires de réserves coupent les cornes de ces animaux de manière préventive.
Quelques jour auparavant, au Botswana, nous avons pu assister au bain de boue d'un rhino noir au coucher du soleil en présence d'un jeune lion qui suivait la scène  à bonne distance avec une attention soutenue.

photos: 

Bébé rhinocéros blanc Photo © Jean-Frédéric Hanssens

Rhinocéros blanc Photo © Jean-Frédéric Hanssens

Le bain de boue du rhinocéros noir Photo © Jean-Frédéric Hanssens

Photo © Jean-Frédéric Hanssens

Photo © Jean-Frédéric Hanssens

Photo © Jean-Frédéric Hanssens

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