semaine 48

Migrations : la cruelle indiférence du monde

Zooms curieux par Gabrielle Lefèvre, le 14 juillet 2023

Des personnes fuyant les affrontements au Soudan arrivent au Tchad. Photo © OIM/F. Ada Affana

Alors que s’effectuent les migrations touristiques plus ou moins dévastatrices pour l’environnement mais génératrices d’un business très lucratif, l’actualité des migrations provoquées par les famines, les guerres, les catastrophes climatiques est plus brûlante que le soleil adoré par les vacanciers.

Ainsi, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, annonce que plus de 2,4 millions de réfugiés auront besoin d'être réinstallés, ce qui représente une augmentation de 20% par rapport à l'année 2023. (1)

« Nous assisterons à une augmentation importante du nombre de réfugiés en attente d'une réinstallation en 2024. La réinstallation reste un outil essentiel pour les personnes les plus menacées et ayant des besoins spécifiques », souligne Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. « Je demande à tous les États qui en ont les moyens de prendre des engagements durables en matière de réinstallation afin d'offrir sécurité et protection à ceux qui en ont le plus besoin et pour que tous les membres de la communauté internationale assument leur part de responsabilité à l'égard des réfugiés. »

Voici le triste tableau dressé par le HCR :

« Avec près de 730.000 réfugiés qui auront besoin d'être réinstallés, ce qui équivaut à 30 pour cent des besoins mondiaux, le continent asiatique figure en tête de la liste pour 2024.

Les réfugiés syriens sont, pour la huitième année consécutive, le groupe pour lequel les besoins en matière de réinstallation sont les plus importants, avec environ 754.000 personnes qui ont besoin d'une aide d'urgence en matière de réinstallation. La crise syrienne est entrée dans sa treizième année et reste la situation de réfugiés la plus importante à travers le monde.

Les réfugiés d'Afghanistan occupent la deuxième position dans cette liste, suivis par les réfugiés originaires du Soudan du Sud, du Myanmar et de la République démocratique du Congo.

En 2022, sur environ 116.000 dossiers soumis, seuls 58.457 réfugiés ont pu être admis à la réinstallation. Le HCR continue d'insister sur l'importance cruciale de mettre à disposition davantage de places pour les cas médicaux et les autres cas prioritaires, et de garantir une procédure de traitement rapide et un départ en réinstallation sans délai. »

Mais les pays plus riches et plus en paix ne se montrent pas très désireux d’accueillir des milliers de migrants et de se confronter à la montée inquiétante du racisme dans leurs populations travaillées par les propagandes nauséabondes des extrême-droites diverses qui montent en puissance.

Exemple : la Tunisie, pays d’accueil de migrants subsahariens que les pays européens ne veulent pas secourir ni accueillir. Fuyant la misère, le mal développement, les guerres, les terroristes islamistes, ces réfugiés sont coincés en Tunisie elle-même en proie à des problèmes économiques et sociaux importants et gouvernée par un autocrate qui entend faire pression sur l’Europe pour obtenir une autre politique de développement. (2) Depuis les propos racistes du président tunisien, dénoncés par les plus grandes ONG, les violences contre ces malheureux prolifèrent dans le pays.

Voici un témoignage poignant rapporté par Amnesty et TV5 Monde:

« Une demandeuse d'asile camerounaise de 22 ans, Manuela D., a raconté à Amnesty avoir été attaquée le 24 février devant un café à Tunis par un groupe de six hommes lui lançant des insultes racistes. Après avoir ressenti un coup violent à la nuque et être tombée à terre, elle dit avoir été poignardée et s'"est réveillée à l'hôpital couverte de sang" avec de graves blessures "au sein, à l'abdomen et aux lèvres", a-t-elle relaté, en montrant à Amnesty une photo de ses blessures. »

Au Soudan, la situation est catastrophique. On estime à près de 3 millions le nombre de personnes déplacées par ce conflit interne, dont 700.000 dans les pays environnants, eux-mêmes confrontés à de graves problèmes de sécheresse, de paupératisation de populations, de guérillas terroristes.

Tout cela se passe dans l’indifférence généralisée de nos pays encore riches mais obnubilés par la guerre russo-ukrainienne mobilisant l’OTAN et des milliards de dollars en armements…

Nos dirigeants ont oublié que Paix et Développement ainsi que Justice sont les conditions de notre survie en tant qu’humanité, et pas le nombre de bombes nucléaires.


(1) selon un rapport sur les projections en matière de réinstallation pour 2024 (intitulé Projected Global Resettlement Needs Assessment for 2024 en anglais), Pour les statistiques, consultez notre graphique interactifLink is external (en anglais).

(2)

https://information.tv5monde.com/afrique/tunisie-amnesty-et-la-fidh-fustigent-les-propos-racistes-de-kais-saied-et-demandent

(3)

https://www.iom.int/fr/news/pres-de-3-millions-de-personnes-deplacees-par-le-conflit-au-soudan

 

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