semaine 40

La révolution communiste des musulmanes

Zooms curieux par Gabrielle Lefèvre, le 28 juin 2018

Clara Eissner (à gauche) adopta le nom de Zetkin, son compagnon russe. Avec elle, Rosa Luxemburg, en 1910 ; la révolution des femmes en marche ! Photo © D.R.

Clara Zetkin au « Club des femmes musulmanes » : cela se passe en 1926 en URSS en révolution communiste dont un des atouts majeurs fut de consacrer l’égalité des femmes et des hommes. Bien avant ce que le monde capitaliste n’a concédé à la suite de longues luttes des femmes, toujours en cours d’ailleurs.

Un de nos chroniqueurs dans le « cercle des penseurs libres » de votre site préféré, Erik Rydberg, adore interroger l’histoire et y dénicher des perles de réflexions qui bousculent notre quiétude mentale. Au moment où les médias nous présentent comme une avancée majeure l’autorisation généreusement concédée aux femmes de l’Arabie Saoudite de conduire leur voiture sans chaperon masculin, ce petit livre nous plonge dans ce qui fut une réelle révolution et de réels droits des musulmanes. Et pas une concession qui ne change rien au statut des femmes. D’ailleurs, celles qui réclament cette liberté et d’autres plus fondamentales en Arabie Saoudite sont toujours en prison ! Ajoutons que cela ne concerne que les femmes ayant cette nationalité à l’exclusion des quasi-esclaves importées de pays d’Asie notamment et qui ne disposent de pratiquement aucun droit. Mais bon, l’Arabie Saoudite est un grand importateur d’armes notamment belges et bombarde allègrement les populations civiles du Yémen, forme la plus lâche qui soit d’une guerre larvée contre l’Iran.

L’Arabie Saoudite reste une dictature où les droits humains sont bafoués en permanence. Mais une dictature royale qui bascule si l’on en croit cette analyse du Courrier du Maghreb et de l’Orient :

https://lecourrierdumaghrebetdelorient.info/saudi-arabia/arabie-saoudite-le-royaume-aux-abois-1-2-crise-au-palais/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+TheMaghrebAndOrientCourier+%28The+Maghreb+and+Orient+Courier%29

Retour à Clara Zetkin, journaliste féministe allemande et initiatrice de la Journée internationale des Femmes (le 8 mars) en 1910 est aussi une pacifiste (elle milita contre la première guerre mondiale). Femme politique, elle participe avec Rosa Luxemburg à la création en 1915 de la ligue spartakiste puis elle sera la porte-parole du Parti communiste d’Allemagne (KPD) et première députée au Reichstag de 1920 à 1933. Fidèle à ses idéaux, elle appellera à combattre le nazisme, en août 1932, alors qu’elle présidait le Reichstag en tant que doyenne. Elle fut contrainte de fuir l’Allemagne après l’arrivée des Nazis au pouvoir. C’est en exil à Moscou qu’elle décéda.

Retour au Club des femmes musulmanes de Tiflis en Géorgie créé par la section féminine du Parti communiste soviétique. Clara Zetkin le visite en 1926, et analyse ce club comme un outil pour l’émancipation des femmes, une « zone tampon faisant sas entre, d’un côté la vie cloîtrée de famille et, de l’autre côté, les salles de réunion et de délibération. »

En vraie journaliste, elle décrit ces femmes « originaires de diverses peuplades musulmanes des montagnes et des steppes de Transcaucasie. » et leurs « voiles chatoyants et richement brodés qui, sans recouvrir le visage, rendent charmants leurs figures et mouvements du corps ». Elle décrit la profonde émotion qui les saisit toutes lorsqu’elles chantent l’Internationale comme une « reconnaissance de leur humanité » et de leur « totale égalité avec les hommes ». Elle rapporte les témoignages de ces femmes, de ces très jeunes filles vendues comme des agneaux à des maris qu’elles n’aimaient pas et qui les maltraitaient.

Ainsi que cela se passe encore de nos jours dans certaines associations au cœur de nos villes multiculturelles, ce club assure l’alphabétisation des femmes, des cours de couture, des conseils juridiques et l’accompagnement des femmes pour trouver du travail, pour aller en justice, etc. Et Clara Zetkin de s’émerveiller de la « solidarité révolutionnaire internationale » qui élargit « l’horizon étriqué des femmes musulmanes ».

Erik Rydberg a traduit et annoté ce texte de Clara Zetkin, lui rendant sa force et son actualité. Et l’on découvre ainsi un aspect du long combat des femmes pour l'égalité des droits mais aussi une femme, dont Aragon disait dans « Les cloches de Bâle » en 1976: « Elle est la femme de demain ou mieux, osons le dire : elle est la femme d’aujourd’hui. L’égale »

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