Z comme Zoo et Zorro
Par Théophraste ! par G. Lefèvre, le 13 novembre 2021

Les yeux ouverts sur la société et la vigilance démocratique sans cesse en alerte. Pas simple tous les jours ! Dessin © Anne-Catherine Van Santen. Publié dans l’Agenda 2008 de l’AJP.
Y comme yeux (et oreilles) de la société
Nous sommes les yeux et les oreilles de la société. Notre corps est le premier média par lequel passe l’information. Nous sommes censés aller voir, interroger, vérifier nous-mêmes ce que d’autres ont vu. Notre qualité principale est la curiosité. Notre défaut principal est l’indiscrétion malsaine. Nous devons exiger d’entrer partout où se passe un événement mais il nous est interdit d’être voyeurs. Nous sommes spectateurs actifs, prenant des notes, du son ou filmant les événements de tous genres sans succomber à la mise en scène, à la séduction d’un personnage, d’un lieu. Nous devons toujours porter les lunettes qui permettent de voir de près et de loin en même temps. Prendre du recul alors qu’on a le nez sur l’événement est un exercice vraiment périlleux. Le vertige nous frappe parfois…
Z comme zoo et Zorro
Le métier a des aspects zoologiquement amusants. On dit d’une publication qu’elle a un « ours », le terme savant étant le colophon, un encadré dans lequel le lecteur trouve le nom et l’adresse de la publication, de l’éditeur responsable, du rédacteur en chef, des divers journalistes selon leurs grades et spécialisations) et des principaux collaborateurs extérieurs (free-lances ou indépendants), de l’imprimeur.
L’autre animal historique de notre bestiaire est le canard, nous en avons parlé ici : https://www.entreleslignes.be/humeurs/par-th%C3%A9ophraste/b-comme-billeves%C3%A9es-c-comme-communication
Mais celui qui gambade le plus dans notre imaginaire est le chien. Il y a d’abord le chien écrasé. La pauvre bête symbolisant ainsi l’information de fait-divers de bas étage, le fait local, presque l’anecdote qui reflète la vie d’une communauté locale. Et dans les journaux ou les radios locales, ces chiens écrasés ont plus d’importance que les grands événements du monde. C’est qu’ils renvoient sa propre image à la collectivité et cimentent en même temps une certaine culture, une cohésion sociale. On est au courant du malheur qui frappe le voisin, ce qui permet, soit de lui venir en aide soit de se retirer dans l’indifférence bien informée ! De toute façon le chien écrasé alimente les conversations de tous. Il est le héros du théâtre du quotidien.
Autre chose est le chien de garde de la démocratie : le journaliste qui tire la sonnette d’alarme pour avertir la société de ses dysfonctionnements, qui interpelle la société civile afin qu’elle prenne les mesures qui s’imposent pour corriger ces dysfonctionnements. Ce rôle d’alarme est rendu possible par la qualité d’écoute du journaliste qui reçoit les doléances de ses concitoyens, des organisations les représentant, les regroupant et qui le préviennent de ce qui ne va pas. Le journaliste peut aussi devenir une sorte de Zorro montant aux barricades, donc un journaliste d’opinion mais qui affiche clairement son engagement pour la défense des droits humains, tout en pratiquant rigoureusement ses règles déontologiques. Et tant pis si de Zorro il redevient un Don Quichotte guerroyant contre des moulins à vent... Il vaut mieux cela que d’être traité de « chien » avec mépris par ceux qu’il dérange à tort ou à raison.
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