L’université des chèvres
L'as-tu lu,lulu? par Nous on l'a lu, le 10 septembre 2023

Un magnifique plaidoyer pour le droit à l'éducation.
Voici une BD exceptionnelle car elle conjugue un art du dessin réaliste et poétique à la fois et un scénario impeccable. Trois histoires s’entremêlent sur la ligne du temps : au 19e siècle, Fortuné parcourt les montagnes de France afin de gagner les villages les plus reculés, par tous les temps, afin de dispenser son savoir : la lecture, l’écriture, le calcul aux enfants qui en sont totalement privés. Il se heurte à l’obscurantisme catholique car il compte les petites filles parmi ses élèves et pour le prêtre de village, elles ne doivent qu’apprendre à lire pour lire le catéchisme, c’est bien suffisant.
Paradoxalement c’est l’instauration du système d’enseignement public qui ne reconnaît pas ses compétences et qui l’incite à tenter sa chance comme chercheur d’or aux Etats-Unis.
Echec de l’orpailleur qui retrouve son ancien métier en étant adopté par des indiens Hopi, oubliés par le pouvoir colonial américain. Celui-ci, en effet, crée des écoles pour intégrer de force les enfant et les jeunes indigènes dans le moule américain en détruisant leur culture.
L’Université des chèvres est ainsi perpétuée et nous nous retrouvons au XXIè s dans les montagnes d’Afghanistan où Sanjar affronte le radicalisme musulman porté au paroxysme par les Talibans qui conquièrent petit à petit les villages les plus reculés. Les fillettes sont les premières cibles de ces obscurantistes ultra violents qui n’hésitent pas à assassiner les femmes qui tentent de pratiquer un métier ou de se présenter aux élections.
L’histoire récente nous confirme le succès monstrueux de cette violence sexiste en Afghanistan.
Chassé des villages des montagnes, il devient « fixeur » à Kaboul pour une jeune femme américaine, journaliste, d’origine Hopi et descendante de Fortuné. Elle rencontre ainsi quelques femmes afghanes, héroïques, défendant les droits des filles à l’éducation, aux soins, à l’égalité, tout simplement. Des femmes condamnées à mort par les Talibans. L’amour naît entre Sanjar et la journaliste Arizona Florès. Sanjar est contraint de fuir l’Afghanistan où sa vie est en danger et il devient professeur de mathématiques aux Etats-Unis. Il y découvre le racisme, la violence des armes, les fusillades dans les écoles...
Christian Lax nous dépeint ces parcours avec un incroyable talent de dessinateur et de conteur. Nulle mièvrerie, nulle trivialité : la force des sentiments, la beauté des paysages, la brutalité des ignorants racistes et sexistes sous couvert de religion. Et cette foi magnifique en l’éducation, en la culture qui ouvre les esprits au monde et enrichit l’humanisme.
L’auteur annonce qu’il s’agit de sa dernière œuvre après 40 ans de création.
Alors, découvrez aussi son magnifique « Une maternité rouge » dans lequel Christian Lax dépeint une Afrique déchirée par la violence djihadiste et le sort tragique de réfugiés à Paris...
Des BD comme des lumières d’espoir en l’humanité.
Gabrielle Lefèvre
- Christian Lax. L’Université des chèvres ». Ed. Futuropolis. 2023.
- Christian Lax. Une maternité rouge. Ed. Futuropolis Musée du Louvre. 2019.
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