semaine 48

Les cygnes noirs de l'incendie

Edito par Jean Rebuffat, le 08 septembre 2023

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Plus on se rapproche des pôles, plus violent est le réchauffement climatique. En arrivera-t-on à regarder la fonte accélérée des glaciers comme le symbole de 2023, année probablement la plus chaude jamais mesurée? Photo © Jean Rebuffat

Au début du XXIème siècle, Jacques Chirac lança cette phrase restée célèbre: la maison brûle et nous regardons ailleurs. Ensuite, à la COP 21, treize ans plus tard, les félicitations fusèrent quand on appris que les principales puissances s’étaient accordées pour limiter l’inévitable réchauffement climatique à 1,5 degrés. Et vingt-et-un an plus tard, c’est-à-dire maintenant, dans une année marquée par d’évidentes marques du dérèglement climatique, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, coutumier des petites phrases, a lâché devant l’accumulation des catastrophes dans l’hémisphère Nord, le mot anglais de breakdown pour qualifier ce que nous vivons. En effet, la maison brûle et pour l’éteindre, ce ne sont pas les inondations qui vont y changer quelque chose. Chaque dixième de degré amène la banalisation de ce qu’on appelle les cygnes noirs, c’est-à-dire des événements météorologiques extrêmes autrefois exceptionnels.

Une discussion sémantique s’en est suivie. A-t-on vraiment perdu le contrôle? Le mot breakdown ne doit-il pas être plutôt traduit par un autre mot qu’effondrement en français? Rupture? Bascule? Ce qui est sûr, c’est que l’évidence s’impose chaque année plus clairement: ce n’est pas la planète qui est en danger, c’est l’espèce humaine, capable d’imaginer, si quelque météorite gigantesque menaçait la Terre, de lui expédier une bombe atomique pour l’écarter, afin d’éviter une nouvelle extinction massive des espèces comme celle qui a éradiqué les dinosaures (et favorisé les mammifères), mais tout également capable de produire un effet de serre en brûlant ce qui est carboné dans nos sous-sols. Et de se lamenter à longueur de journaux télévisés et d’analyses économiques sur les hausses du prix de l’essence.

Tout indique que le dérèglement s’accélère plus vite qu’estimé. Les forêts brûlées du Canada ont rejeté plus d’un milliard de tonnes! Autant qu’en émet en un an le Japon, cinquième plus gros pollueur mondial ou l’équivalent de tout le trafic aérien mondial en presque un ans et demi! En fait, la maison ne brûle plus. Elle a brûlé.

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