semaine 22

Une histoire sans fin

Edito par Jean Rebuffat

Photo © Jean-Frédéric Hanssens

Le plus décourageant, dans l’histoire, c’est que ses célèbres leçons, pour autant qu’elles existent, ne servent apparemment pas à grand-chose. La guerre 14-18 a plus d’un siècle et il y a des tranchées dans le Donbass où deux armées se battent pour gagner à haut prix pour des objectifs plus symboliques qu’utiles. Le président des États-Unis emporte chez lui des documents sensibles comme son prédécesseur qu’il blâmait d’agir ainsi. Les frontières n’ont jamais empêché les populations de migrer et celles-ci ont toujours migré quand l’écart des richesses était trop grand au niveau planétaire. Nul régime n'a jamais été éternel. Le pouvoir lasse. Il se croit toujours éternel mais l’éternité est éphémère. Les valeurs de progrès mettent longtemps pour s’imposer.

En réalité, l’héliocentrisme déjà était une manifestation éclatante de l’anthropocentrisme. L’homme a un sens aigu de l’existence et ceci l’entraîne à penser qu’il est le centre du monde, ou, par délégation, s’il voit bien qu’il est peu de chose par rapport à certains de ses semblables, il délègue ce centre à l’astre le plus proche dans son immodeste refus d’être infime. L’homme s’obstine à se plaindre d’un monde imparfait qu’il perçoit paradoxalement comme immobile alors qu’il change tout le temps et imagine qu’il est à sa disposition: même la religion qu’il a inventée lui prétend que Dieu le lui a donné. Il est tellement persuadé de son importance qu’il ne peut imaginer la mort comme une fin… L’âme est immortelle, voyons!

On parle beaucoup de la fin de l’histoire. On pourrait se demander si elle a jamais commencé.

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