La paix plutôt que la terreur nucléaire
Zooms curieux par Gabrielle Lefèvre, le 03 mai 2017

Voici un SS-20 exposé au National Air and Space Museum à Washington à côté d'un Pershing II. © VargaA — Travail personnel, GFDL, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4663887
Notre jeunesse a été marquée par la hantise de l’explosion d’une bombe atomique façon Hiroshima et Nagasaki. Au début des années 80, nous étions en pleine guerre froide mais l’ambiance était chaude. Les films, les articles de journaux, les émissions radio et télé, les manifestations pacifistes anti-Pershing II de l’OTAN et anti SS20 soviétiques se succédaient. En Belgique notamment, des centaines de milliers de personnes bloquaient le centre de Bruxelles, francophones, néerlandophones, germanophones unis dans la dénonciation de cette folie des grandes puissances qui prenaient l’Europe en otage de leur affrontement titanesque.
C’est ainsi que c’était vécu et compris. Ni USA, ni URSS. Juste la paix comme solution viable pour l’Europe.
Non-prolifération ou commerce ?
Et puis, il y eut le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) entré en vigueur le 5 mars 1970, pour une durée initiale de 25 ans et depuis prorogé pour une durée indéfinie. Il est qualifié de « presqu’universel par les Nations Unies. En effet, il est signé par un nombre important d’Etats : États-Unis d'Amérique, Royaume-Uni, Union des républiques socialistes soviétiques et quarante autres. La France et la Chine ne signeront qu’en 1992. Le cas de la Corée du Nord est revenu dans l’actualité : ce pays en est sorti en janvier 2003, ce qui fait débat parmi les juristes dont certains estiment qu’il y a eu vice de forme lors de ce retrait et que ce pays doit toujours se conformer aux termes du traité. Le pays poursuit cependant ses essais, sans succès jusqu’à présent… Lorsqu’il a été reconduit pour une durée indéterminée, c’était à la condition exigée par des pays arabes qu’Israël fasse des efforts de désarmement. On sait à quel point ce pays refuse de se conformer aux résolutions des Nations Unies, alors, ce traité qu’il n’a pas signé… L’Inde n’a pas signé non plus mais s’est imposé lui-même un moratoire. Le Pakistan, en réaction aux essais indiens, a lui aussi développé cette arme et n’a pas signé le traité.
Notons qu’il ne vise pas à interdire les armes nucléaires mais seulement à ne pas les développer dans des pays qui n’en possèdent pas. Il « exhorte les États parties à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures relatives au désarmement nucléaire et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace ». En langage onusien cela veut dire que l’on espère que les Etats se montreront raisonnables parce que nous n’avons aucun moyen de les contraindre à supprimer ce type d’armements. C’est l’Agence internationale de l’énergie atomique qui est chargé de veiller à son application. Il s’agit surtout, selon certain, de règlementer le commerce de la technologie nucléaire.
Pour une interdiction totale
Il y a bien eu une tentative d’interdiction totale des essais nucléaires (TICEN), en 1996 mais ce traité n’a pas obtenu l’adhésion d’un nombre suffisant d’Etats pour entre en vigueur. Sans surprise, ce sont les puissances nucléaires qui s’y opposent.
Dernière tentative en date de tenter de freiner la course à l’horreur nucléaire : une conférence sur l’abrogation de ces armes s’est ouverte le 27 mars à New York. 113 pays sont pour, le Royaume-Uni, la France, les Etats-Unis, la Russie, la Chine sont contre… et rénovent leurs arsenaux. USA en tête. Mais les opinions publiques sont plus mobilisées que jamais. C’est ainsi qu’il y a dix ans a été lancée une Campagne Internationale pour l’Abolition des Armes nucléaires (ICAN) par de nombreuses organisations humanitaires, environnementales, de protection des Droits de l’homme, pacifistes et pour le développement, dans plus de 90 pays. Selon eux, « interdire les armes nucléaires est un impératif humanitaire universel ». Il faut donc que les Etats possesseurs d’armes nucléaires éliminent totalement leurs arsenaux ; pour cela, les mouvements sociaux et citoyens soutiennent le processus multilatéral de négociations pour un traité d’interdiction des armes nucléaires.
Manifestation anti-OTAN
Cette campagne a pris d’autant plus de vigueur que les 24 et 25 mai, les dirigeants des pays de l’OTAN se réuniront à Bruxelles pour un sommet de l’alliance en présence de Donald Trump. Or, le président des USA, après avoir critiqué l’OTAN et exigé que les pays membres paient plus de contributions à la cagnotte commune, vient de décider 54 milliards de dollars supplémentaires pour la défense étatsunienne. Il veut que les pays membres augmentent leurs budgets de la défense à 2% du PIB. Ce qui ferait plus de 100 milliards d’euros pour les prochaines années. La menace russe, nord-coréenne et chinoise est brandie pour persuader les opinions publiques d’accepter cela. Les mouvements pacifistes belges appellent donc à une mobilisation contre ce sommet de l’OTAN à Bruxelles. Le 24 mai, une manifestation est annoncée contre Donald Trump et contre l’OTAN avec le slogan : « Investissons dans la paix, pas dans la guerre ». Il n’est pas encore trop tard…
https://www.grip.org/sites/grip.org/files/RAPPORTS/2015/2015-4.pdf
http://agirpourlapaix.be/ctrl-alt-eu/ican/
http://stopnato2017.org/fr/article/du-21-au-26-mai-participez-au-contre-sommet-de-lotan
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