semaine 48

Allende : la mémoire vivante des réfugiés

Zooms curieux par Gabrielle Lefèvre, le 07 septembre 2023

Et l'histoire se transmet, en images, en textes,en musique...

Un témoignage bouleversant d'un réfugié chilien en Belgique.

Ils étaient plus d’une centaine dont de nombreux enfants et petits enfants d’exilés chiliens, entourant les quelques survivants du coup d’État lancé par le général Pinochet, le 11 septembre 1973, contre le président Salvador Allende. La salle de fête d’une école à La Hulpe débordait d’une émotion rare : celle d’une plongée dans l’histoire d’une terreur immense qui s’est abattue sur tout un pays. Le fils d’un exilé racontait, sous forme de documentaire d’amateur, l’histoire vécue par son père, à présent décédé. « Livre de bord d’une injustice » est l'histoire de Teodosio Cifuentes, ancien de la marine chilienne, qui avait compris que quelque chose se préparait contre le président Allende et avait averti partis politiques et syndicats, s’est trouvé emprisonné, torturé, menacé avant même le coup d’État qui allait entraîner la mort du président Allende et l’instauration d’une dictature sanglante.

A travers le témoignage de cet homme et de ses amis, avec les images d’époque qui ont été sauvegardées et celles tournées au Chili par le fils de Teodosio Cifuentes, nous pouvions comprendre la terreur qui s’était abattue sur le pays, les sombres tractations entre les militaires chiliens des différentes forces et leurs mentors étatsuniens. Et puis, les emprisonnements des uns, les expulsions des autres, les éliminations de plus en plus massives. Et les embarquements en avion vers des pays refuges, dont la Belgique.

Nous revivions l’accueil de ces réfugiés dans des familles belges, dont celle qui, à La Hulpe, a hébergé Teodosio, sa femme et ses enfants pendant six mois en attendant que les services sociaux puissent leur mettre un logement à disposition. Et voilà ces enfants devenus comme frères et sœurs, vivant leur scolarité ensemble, leurs jeux d’enfants et d’ados et leur intégration comme citoyens belges. Devant nous, ces enfants devenus adultes s’étreignent, les larmes plein les yeux.

L’important pour tous était que la mémoire ne s’efface pas. Que les jeunes sachent et comprennent comment ont vécu leurs parents ; et ce dont sont capables des militaires endoctrinés par la grande puissance qu’étaient les Etats-Unis pour lutter contre toute forme de socialisme, de communisme, de marxisme et ce afin de défendre l’ordre capitaliste, celui des multinationales US.

Le président Salvador Allende était marxiste, démocrate, rassembleur des forces de gauche de son pays. Il réussissait une révolution dans la plus parfaite légalité. Il bousculait l’ordre du monde imposé par les grandes puissances d’après-guerre. Bref, il était plus dangereux que Fidel Castro à Cuba car son exemple pacifique pouvait servir de modèle à d’autres pays d’Amérique Latine et même européens comme l’Italie ou la France.

Cette visite de la grande histoire par le biais des témoignages vécus par de simples citoyens, est émouvante. Cela nous démontre que quelques grandes valeurs de l’humanité sont bien vivantes dans notre population: l’accueil et l’aide à des réfugiés, la solidarité avec des peuples en lutte pour leurs droits, la possibilité d’actions en commun, quel que soit le parti politique ou l’obédience religieuse ou non afin de faire respecter les droits humains.

La population belge a montré sa générosité en 1973, comme elle l’a fait lors de l’accueil de réfugiés ces dernières années (http://www.bxlrefugees.be/ ). Elle s’est enrichie de ces Chiliens restés chez nous et a gardé des liens avec les familles retournées au pays.

En ce mois anniversaire du coup d’État, la transmission de cette mémoire s’effectue en de nombreux endroits du pays. En cette période de grands troubles et de menaces contre la démocratie et les droits humains, cette mémoire vivante est plus que jamais nécessaire.

Principales activités du Comité Allende 50

- Le 9 septembre, dès 14 h 30, rendez-vous à la Maison du Peuple à Saint-Gilles pour des concerts, des danses et des discours (Pierre Galand qui fut le coordinateur de l’accueil des réfugiés chiliens en 1973 et après, Armando Uribe sur l’Unité Populaire, Jean Spinette, bourgmestre de Saint-Gilles).

- Le 11 septembre de 10 h à 13 h15 : cérémonie d’hommage à l’Hôtel de Ville de Bruxelles, marche vers la statue de Gabrielle Petit, Place Saint-Jean, afin de célébrer la résistance, puis vers le square Salvador Allende où une délégation du PS et une autre de la FGTB de Bruxelles accueilleront les marcheurs.

- 18 septembre, à partir de 12 h 30 : pour la rentrée des étudiants à l’ULB, les recteurs de l’ULB et de la VUB ainsi que des Chiliens et les membres du Comité Allende 50 se réuniront devant le buste de Salvador Allende. Discours, intermèdes musicaux alterneront avec l’inauguration de l’exposition d’affiches de la résistance chilienne à la salle Salvador Allende. A 18 h : soirée culturelle et de solidarité à la salle Dupréel (Institut de sociologie de l’ULB).

- 23 septembre : hommage à Pablo Neruda, à la salle Allende à l’ULB, av. Paul Héger 22.

Renseignements : Comité Allende 50, secrétariat de coordination : +32 (0)2 231 01 74

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