Ils sont partis avec l’espoir de réussir
Les indignés par Eux, le 28 juillet 2023

Toute une région du Sénégal en deuil.
Sénégalais, Serigne Saar est président de l'Association pour la défense des droits de l'eau et de l'assainissement ; Il est membre d’Intercoll (collectif internatuo,al des mouvements sociaux). Voici son indignation et sa tristesse à propos de la mort de jeunes de chez lui.
Ils n'avaient plus espoir que la donne allait changer en restant au bercail. Ils n'ont pas quitté le pays avec l'intention de mourir. Ils sont partis avec l'espoir de réussir.
Ils ont pris les pirogues parce qu'ils n'avaient aucune faveur ou chance d'obtenir le visa à cause d'une mauvaise politique d'immigration. L'Occident vient chez nous sans visa mais l'Afrique doit quémander et payer pour entrer chez les occidentaux.
L'État ne fait plus rêver pour la majeure partie de ces jeunes obsédés par l'Eldorado . Un état où seuls les hommes politiques ont le droit de s'enrichir facilement et illicitement et espérer après une amnistie ou une révision de procès. Un état où la majorité sociale est contrainte d'accepter que l'épouse ou l'enfant d'une autorité a droit à un passeport diplomatique. Un État où nous payons des impôts et taxes uniquement pour assurer la belle vie aux dirigeants. Un état où la dilapidation de l'argent public reste impunie. Trop d'injustices sociales qui frustrent...
Et à ces mêmes moments les citoyens lambdas travaillent péniblement pour juste percevoir des salaires ou revenus misérables.
Des revenus qui permettent juste d'assurer les dépenses du lendemain. Comme si nous n'avions pas le droit d'épargner, de construire des villas, d'avoir des bagnoles et voyager. Nous devons éternellement nous contenter du fameux " soutoura africain : ndékki , agn, rérr "(petit-déjeuner, déjeuner, dîner).
Pire encore, ce sont des leaders d'opinions voleurs, escrocs, trafiquants de personnalités ou des leaders d'opinions qui ont réussi par le " samba mbayane " qui occupent les médias pour faire la sensibilisation.
Détrompez vous, si vous pensez c'est le chômage qui pousse les jeunes à vouloir partir. Travailler quotidiennement et péniblement et ne jamais avoir la possibilité d'épargner et de réaliser quelques choses, voilà ce qui poussent certains jeunes à vouloir quitter l'Afrique.
C'est très difficile de mettre en place une politique qui peut décourager un jeune frustré, désespéré et déterminé.
Combattre les inégalités sociales et faciliter l'obtention du visa sont deux solutions qui peuvent participer à l'éradication de l'émigration clandestine.
Toutes nos condoléances aux familles attristées. Que les morts reposent en paix .
Serigne Sarr
Il semble que vous appréciez cet article
Notre site n'est pas devenu payant! Mais malgré le bénévolat de ses collaborateurs, il coûte de l'argent.
C'est pourquoi, si cet article vous a plu (et même dans le cas inverse), nous faire un micropaiement d'un ou de quelques euros nous aiderait à sauver notre fragile indépendance et à lancer de nouveaux projets.
Merci à vous.